Parachat Vayigach

Parachat Vayigach

Voyant ses frères « consternés » devant lui lorsqu’il se révèle à eux, Yossef les rassure: « Ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m’avoir vendu ». Bien plus « c’est Dieu (qui) m’a fait devenir le père de Pharaon, le maître de toute sa maison et l’arbitre de tout le pays d’Égypte. »(Genèse 45,6-8)

Le Rav Yérouham Zatsal de Mir explique l’attitude de Yossef à partir du Midrach Rabba (Exode 36,2). L’Eternel dit à Moché : « Tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure, d’olives concassées, pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence ». Ce n’est pas par besoin de cette lumière, mais pour que « vous M’éclairiez comme Je vous ai éclairé (dans le désert par la colonne de feu). C’est pour augmenter votre estime auprès des non juifs qui diront qu’Israël éclaire Celui qui éclaire tout ». Comme cet homme qui accompagne un aveugle, et qui, arrivé chez celui-ci, lui demande en retour d’allumer la lumière, de telle sorte que c’est le voyant qui serait l’obligé de l’aveugle.

L’homme par nature, explique Rabbénou Yérouham, est enclin à refuser tout remerciement pour ses services rendus. Ce n’est pas qu’il veuille toujours l’intérêt de l’autre, mais il préfère conserver, entière, sa reconnaissance, et les bénéfices qui en résultent. Le Midrach nous enseigne, au contraire, à favoriser un « retour » qui libérerait notre prochain de toute dette. Quand bien même il nous aurait fait du mal, il est bien de recevoir ses excuses et d’apaiser sa conscience. « On ne méprise pas le voleur qui a commis un larcin parce qu’il avait faim. » (Michlé 6,30)

D… a-t-il besoin de nos Mitsvots? A priori non. Car « que Lui donnes-tu? » (Job 35,7). Mais il est aussi écrit : « Donnez de la force à l’Eternel » un peu comme si « lorsque les enfants d’Israël accomplissent de bonnes actions, ils donnent de la force à Hachem » et inversement par « leurs mauvaises actions L’affaiblissent ».(Zohar Bo)

Oubliant tout le mal qui lui a été fait, Yossef remercie ses frères, en quelque sorte, d’avoir accompli la volonté de D… qui a fait de lui « le maitre… de l’Egypte ». Soucieux d’apaiser leur sentiment de culpabilité, il fait dépendre son ascension à la royauté de leurs décisions à son égard. Au service du Créateur, ils ont été, à leur insu, l’instrument de la Providence divine. Yossef leur a tout pardonné, plus encore, il se montre redevable envers eux. Il est possible, conclut Rabbénou Yérouham que si Yossef n’avait pas réagi de cette façon, sa faute eût été plus grave encore que celle de ses frères…

Chabbat Chalom Oumévorakh