Parachat KORA’H
« Kora’h, fils de Yitshar, fils de Kéhat, fils de Lévi, forma un parti avec Dathan et Abiram … » (Bamidbar XVI, 1). Rachi précise : « Sans qu’il ne soit ajouté fils de Yaakov, car celui-ci avait prié pour que son nom ne soit pas mentionné à l’occasion de leur querelle, comme il est écrit : dans leur assemblée que ne se joigne pas mon honneur » (Béréchit IL, 6) ».
Mais quand bien même le nom de l’arrière grand père n’ait pas été mentionné, de toute façon tout le monde saura qu’étant fils de Lévi, Kora’h est bien de la descendance de Yaacov.
Certains commentateurs expliquent que Kora’h aurait pu se réclamer de Yaakov et revendiquer une démarche analogue à celle de son ancêtre. Yaacov n’avait-il pas œuvré pour s’emparer du droit d’aînesse, afin d’être Cohen, au service du Temple, chargé d’offrir les sacrifices ? N’avait-il pas profité de ce que son frère Essav, fatigué et affamé, lui vende son droit d’aînesse (ce statut de Békhor qu’il convoitait et a obtenu), contre un simple plat de lentilles ? N’a-t-il pas trompé ensuite son père pour s’emparer des bénédictions qu’Yits’hak destinait initialement à Essav ? Et finalement Yits’hak confirma toutes ses bénédictions pour Yaacov !
. Kora’h, aussi, voulait être Cohen, servir au Michkan et en tant que Grand prêtre. C’est pour se faire qu’il se révolta contre Moché et lui chercha querelle … Mais le comportement de Kora’h était animé par la jalousie, ses motivations dictées par son ambition personnelle et la recherche des honneurs, tandis que les intentions de Yaakov étaient spirituelles, léchem chamaïm, et constructives, parce qu’il ne convenait pas, pour la gloire du Ciel, que Essav le dévoyé puisse se prévaloir des prérogatives du premier né, alors qu’il les avait lui-même dénigrées, disant : « Je marche à la mort ; à quoi donc me sert le droit d’ainesse ? » (Bérechit XXV, 32).
D’autres commentateurs expliquent que les actions de l’homme trouvent parfois leur origine, quelque part, dans le comportement antérieur de ses ancêtres:
– A propos de Pin’has, il est dit : « Pin’has, fils de Eléazar, fils de Aaron le pontife, a détourné ma colère de dessus les enfants d’Israël, en se montrant jaloux de ma cause au milieu d’eux, en sorte que je n’ai pas anéanti les enfants d’Israël dans mon indignation » (Bamidbar XXV, 11). Le Midrach (Vayikra Rabba 33) détaille : Pin’has est Cohen, fils de Cohen, zélateur fils de zélateur, il a su calmer mon courroux, car il est fils de celui qui sait calmer la colère divine. Le mérite de Pinhas, est d’avoir apaisé la colère divine en tuant Zimri et, stoppé l’épidémie qui frappait le peuple d’Israël, à l’instar de son grand père Aharon, qui lui aussi arrêta l’épidémie par le moyen de l’encens, la kétoret.
– Egalement pour les filles de Tselof’had, il est rappelé leur filiation à leur ancêtre Yossef : « alors s’approchèrent les filles de Tsélof’had, fils de Héfer, fils de Guilad, fils de Ménaché, fils de Yossef » (Bamidbar XXVII, 1) et Rachi d’expliquer : « c’est pour te dire que Yossef aimait le pays, comme il est écrit : vous ferez monter mes ossements d’ici (Béréchit L, 25). Ses descendantes pareillement aimaient le pays » et demandèrent une possession, leur part d’héritage, dans la répartition de la terre d’Israël.
Aussi, à propos du verset : « il pourrait exister, parmi vous, quelque racine d’où naîtraient des fruits vénéneux et amers » (parachat Nitsavim, Dévarim XXIX, 17), le Ramban explique que d’une bonne conduite ne sort pas de fruit amer, celui qui n’a jamais pensé servir une idole, n’aura pas de descendant idolâtre. Mais celui qui, voire des années auparavant, aura dévié ne fusse qu’un tout petit peu du chemin de la Torah, celui là aura transmis à sa descendance, comme une facilité à fauter dans le même sens. Le Sabba de Slabotka disait que celui qui vole « l’esprit » des autres, se faisant paraitre comme particulièrement pieux, verra des voleurs « de biens matériels » se manifester dans sa descendance. Yaakov ne voulait pas que son nom soit mentionné afin que l’on ne pense pas qu’il ait pu ouvrir une porte à la conduite de Kora’h. Il pria donc dans ce sens.
Chabbat Chalom Oumévorakh