Parachat Vayé’hi
« Les jours d’Israël (Yaacov) approchant de leur terme, il manda son fils Yossef et lui dit : Si donc j’ai trouvé grâce à tes yeux, mets je te prie, ta main sous ma hanche … et jure-moi (Rachi) … Ne m’enterre pas, en Egypte. » (Beréchit XLVII, 29)
Rachi rapporte que Yaacov ne voulait pas être enterré en Egypte pour trois raisons : 1) car la terre sera un jour vermine (lors de la plaie de Kinim), « qui s’agiterait sous mon corps » ; 2) parce que les morts ensevelis hors de la terre d’Israël « revivront », à la résurrection des morts, dans la souffrance des migrations souterraines ; 3) parce qu’il ne voulait pas non plus que les Egyptiens lui rendent un culte idolâtre.
La première raison est surprenante, car Yaacov aurait certainement été enterré en terre de Goshen, là où les plaies de l’Egypte n’ont pas frappé. Le Ramban répond que (seule) la plaie de la vermine arriva même à Goshen. Comme l’explique le Rav Haïm Kanievski, chlita, Goshen fut épargné afin de bien montrer que les plaies venaient de la main de D…, comme il est dit : « Je distinguerai en cette occurrence la province de Goshen où réside Mon peuple » (Chémot VIII, 18). Or pour la plaie de la vermine, les sorciers égyptiens avaient déclaré : « C’est le doigt de D… qui est là » (Id. VIII, 15).
Les Tossafot donnent une autre explication au nom de Rabbénou Tam. Yaacov ne voulait pas que les égyptiens soient épargnés des dix plaies (s’il avait été enterré en Egypte). Car Yaacov est appelé dans le verset « une brebis pourchassée » (Yérmiya L, 17) et à propos des Égyptiens il est dit : « Qui ont une chair comme celles des ânes » (Yéhézkel XXIII, 20). Or « le premier né de l’âne sera racheté par une brebis » (Chémot XIII, 13). Mais l’Eternel avait dit : « A son tour, la nation qu’ils serviront sera jugée par Moi » (Beréchit XV, 14).
Nous voyons combien la présence de la tombe d’un Tsadik protège les habitants de l’endroit. C’est aussi la raison pour laquelle la tribu de Gad voulait hériter des terres situées de l’autre côté du Jourdain, car « là est sa part » (Dévarim XXXIII, 21) « sa part », celle de Moché Rabbénou qui fut enterré là-bas.
Le Zohar explique que Yaacov ne voulait pas être enterré en Egypte parce que la terre étant impure, son corps ne devait pas y reposer. Pourtant Yossef fut ‘’enterré’’ en Egypte. Le Zohar répond que Yossef fut immergé dans le Nil, or il n’y a pas d’impureté dans l’eau.C’est comme cela qu’il fut possible à Yéhézkel de prophétiser, bien qu’il fût hors de la terre d’Israël, car « il était sur le fleuve de Kébar ».
Les Egyptiens ne voulaient pas que les enfants d’Israël sortent d’Egypte avec les ossements de Yossef, comme il leur avait fait promettre. Ils décidèrent donc de mettre son corps dans un cercueil de métal, qu’ils déposèrent dans le Nil, au fond de l’eau, persuadés que personne ne pourrait le remonter. C’est justement ce que l’Eternel avait décidé pour Yossef, afin qu’il ne soit pas enterré dans une terre impure. Yossef fut remonté, à la sortie d’Egypte, par Moché, grâce à la fameuse plaque où était inscrit « Alé Chor », (que le taureau remonte), allusion à Yossef appelé Taureau par son père Yaacov.
Chabbat Chalom Oumévorakh