Parachat MIKETZ

Parachat MIKETZ

Les frères de Yossef  se rendent en Egypte, à la demande de leur père, qui les prie d’entrer par des portes différentes, par crainte du mauvais œil. Ils en profitent pour quadriller la ville à la recherche de leur frère. « Pourquoi êtes-vous rentrés par des portes différentes pour vous retrouver ensuite dans ce quartier de la ville ?… vous êtes des espions !» leur dit Yossef ; de plus : « vous dites vouloir retrouver votre frère que vous avez vendu, et si son maitre refusait ?…Vous seriez prêts à tuer ou à être tués ! J’avais bien raison… vous êtes des espions » (Midrach Rabbah 91).

Les frères de Yossef avaient donc la ferme intention de le retrouver et de le ramener à leur père ; pourtant lorsqu’ils sont devant lui : « Yossef reconnut ses frères mais eux ne le reconnurent pas » (Beréchit 42,8). C’est qu’il les avait quittés imberbe et portait à présent une barbe (Rachi rapportant la Guémara Ketoubot 27, b). Est-il possible que la seule présence de barbe ait pu à ce point les tromper ?

Lorsque Yossef invite ses frères au repas, il les fait asseoir devant lui « le plus âgé selon son âge, le plus jeune selon le sien, les hommes étaient stupéfaits… » (Idem XLIII, 33). Yossef frappe sa coupe, et appelle : « Réouven! Chimon! Lévi! Yéhouda! Yissakhar! Zévouloun! Fils d’une même mère, dans cet ordre, celui de votre naissance, asseyez-vous ensemble ! » De même pour les autres, les fils d’une même mère à une même table. Arrivé à Binyamin, il déclare : « il n’a pas de mère, moi non plus, qu’il prenne place auprès de moi! » (Midrach Rabbah, 92). Les frères « étaient stupéfaits », mais ils ne soupçonnent rien.

Le Midrach Tan’houma (Vayigach 4) révèle que lorsque Yossef voulut emprisonner Chimon, il demanda au Pharaon de lui envoyer soixante dix hommes forts. Lorsque ceux-ci s’approchèrent, Chimon rugit avec une telle force qu’ils tombèrent tous à terre et se cassèrent les dents. Yossef demanda aussitôt à son fils Ménaché d’intervenir : il assène un seul coup à Chimon, le neutralise, l’enchaîne et le jette en prison. Chimon dit alors à ses frères : « ce n’est pas le coup d’un égyptien, mais un coup digne de la maison de notre père! ». Pourtant les frères de Yossef ne soupçonnent toujours rien.

Au moment de l’affrontement entre Yossef et Yéhouda (parachat Vayigach), le Midrach Rabba (93,6) rapporte que Yéhouda brandit son glaive face à Yossef, et Ménaché intervint en donnant un coup de pied qui fait trembler tout le palais. Yéhouda s’exclama alors « ce coup vient de la maison de notre père! ». Là encore, ils n’imaginent, pas un seul instant, qu’ils sont face à Yossef.

Le Rav Yaakov Galinski zatsal rappelle, en réponse, le début de notre Paracha. Le maître-échanson parlant de Yossef au Pharaon, avait dit avec mépris : « là était avec nous un jeune Hébreu, esclave du chef des gardes » (supra XLI ,12). « Esclave », car selon les lois de l’Egypte, seul un homme libre peut occuper une fonction royale, ou revêtir des vêtements princiers (Rachi au nom du Midrach). L’ingrat  maître-échanson voulait être sûr que Yossef n’occuperait pas de hautes fonctions. Connaissant aussi ces lois, les frères de Yossef, qui l’avaient vendu comme esclave, ne pouvaient absolument pas supposer que ce Vice-Roi portant couronne en or, vêtu d’habits princiers, entouré de toute une cour, puisse être leur frère Yossef.

Lorsqu’enfin, il se dévoile à eux, « ses frères ne purent lui répondre car ils étaient frappés de stupeur » (Id XLV, 3). Ils ont été envahis de honte. Ils comprennent, à ce moment, que les rêves étaient prémonitoires et qu’ils exprimaient la volonté de D… dont ils avaient « limité »la Grandeur, car si Lui avait décidé que Yossef serait Vice-roi, il le serait envers et contre toute loi humaine !

Chabbat Chalom et Hanouka Saméa’h