Parachat Tazria

Parachat Tazria

Dans la Haftara habituelle de Tazria (Mélakhim II, V, 1-15) nous lisons le passage de Naaman (général d’armée du roi de Syrie) qui fut guéri de la lèpre par le prophète Elicha.

Pourquoi Naaman, cet « homme considérable … ce vaillant guerrier »  était-il lépreux ? Le Midrach Rabba (Bamidbar 7,5) nous dit : « parce qu’il était fier de sa force et de son statut ». Le Midrach Tanhouma (Tazria 11) donne une autre raison : « parce qu’il avait ramené captive, une jeune fille d’Israël, pour l’affecter au service de son épouse ». Le Birkat Mordékhaï explique qu’il n’y a pas de contradiction, mais plutôt un éclairage particulier sur tout cet épisode.

En effet, Naaman souffrait de sa lèpre mais restait orgueilleux. Il était parti chercher une fille d’Israël comme servante, façon d’exprimer son mépris à l’égard du peuple élu, de l’asservir ! Mais c’est d’elle que viendra son soulagement physique et sa guérison spirituelle. Car c’est elle, dans sa spontanéité, qui va oser lui conseiller de faire appel au Prophète du peuple d’Israël, et de se soumettre à lui. Mais Naaman, trop dédaigneux, ne peut faire directement cette démarche. Il se rend alors chez le roi d’Aram, lequel comprend vite ce qu’il désire : une lettre de mission – un prétexte – pour se rendre auprès du roi d’Israël.

La lettre était ainsi conçue : « Au moment où cette lettre te parviendra, sache que j’ai envoyé vers toi Naaman, mon serviteur, pour que tu le délivres de sa lèpre ». A sa lecture, « le roi d’Israël déchira ses vêtements et dit : Suis-je donc un dieu qui fasse mourir et ressusciter, pour que celui-ci me mande de délivrer quelqu’un de sa lèpre? ». Connaissant la nature de Naaman, lequel refuserait toute démarche à caractère d’allégeance, il se dit assurément : « il me cherche querelle ». Parce que Naaman préfèrerait, certainement, continuer de souffrir plutôt que de « s’abaisser » en s’adressant au Prophète, juif de surcroît. C’est pourquoi Elicha intervient et « fait dire au roi : Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Qu’il vienne me trouver, et il saura qu’il est des prophètes en Israël ! »

« Naaman vint avec ses chevaux et son char, et s’arrêta à l’entrée de la demeure d’Elicha ». Il ne se donne même pas la peine de descendre, d’aller lui rendre visite. De son côté Elicha ne sortira pas à sa rencontre, et « lui fait dire par un envoyé ». Par l’intermédiaire d’un messager pour briser son orgueil. « Va te plonger sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra nette. Naaman se mit en colère et s’en alla ». Parce qu’il n’a toujours pas compris, et ne perçoit qu’un manque de respect à son égard. Il reste orgueilleux et méprisant. « Certes, m’étais-je dit, il va sortir, s’arrêter, invoquer le nom de l’Eternel, son Dieu… ». Mais non, pas de prophétie, tout juste un banal petit conseil discutable : le Jourdain. Mais « Est-ce que … les rivières de Damas, ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël? »

Ce sont ses serviteurs qui vont l’exhorter et qui lui feront comprendre que sa guérison dépend de sa soumission à Elicha, de l’application à la lettre des paroles du Prophète de D… ! Il lui faudra admettre, ce qu’il a toujours nié, à savoir que la Vérité et la véritable force se trouvent au sein du peuple d’Israël. Finalement, « il descendit, se plongea dans le Jourdain sept fois, selon la parole de l’homme de Dieu, et sa chair redevint comme la chair d’un jeune enfant : il était rétabli ». Le voilà guéri qui reconnaît enfin que la lèpre (de l’époque) ne frappait qu’en raison des péchés et « qu’il n’y a point de Dieu sur toute la terre, si ce n’est en Israël » 

Chabbat Chalom Oumévorakh