Parachat TSAV

Parachat TSAV

A propos du deuxième verset de notre paracha « Ordonne à Aharon et à ses fils ce qui suit : ceci est la loi de l’holocauste. C’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel, toute la nuit jusqu’au matin… » (Vayikra VI, 1, 2), le Midrach Rabba (7, 4) nous propose la parabole suivante :

C’est l’histoire d’un roi qui avait deux cuisiniers. Le premier lui prépara un plat que le roi apprécia particulièrement. Le second, à son tour, arrangea un autre plat, qui plut tout autant au roi. Finalement, lequel des deux plats aura été le plus apprécié ? Celui que le roi demandera de réitérer, c’est assurément le plat qu’il aura préféré. 

De même poursuit le Midrach, Noa’h sortant de l’arche, érigea un autel pour l’Eternel et s’empressa de Lui offrir des holocaustes, qui furent agréés, comme il est écrit : « L’Eternel sentit la délectable odeur » (Béréchit VIII, 21). Les enfants d’Israël, à leur tour, présentèrent des sacrifices, également estimés par D…. Lesquels eurent Sa préférence? Lorsque l’Eternel en redemande ! S’adressant à Moché, Il lui dit: « Ordonne aux enfants d’Israël et dis-leur : Mes offrandes, l’aliment de mes sacrifices consumés, qui me sont en agréable odeur, vous aurez soin de me les présenter en leur temps » (Bamidbar XXVIII, 2). A Noa’h, Il n’a pas demandé d’en refaire. On peut donc déduire que les sacrifices des enfants d’Israël sont ceux que l’Eternel préfère.

Et pour conclure, dit le Midrach, « c’est ainsi que l’on comprendra le verset : alors l’Eternel prendra plaisir aux offrandes de Yéhouda et de Jérusalem, comme Il le faisait aux jours antiques, dans les années d’autrefois (Malakhie III, 4). Aux jours antiques c’est la période de Moché, et  les années d’autrefois c’est la génération du roi Chlomo.»

Le Rav Mordékhaï Rogov zatsal, dans son livre « Atereth Mordékhaï », revient sur la conclusion de ce Midrach. Noa’h apporte son sacrifice, après le déluge, après la destruction du monde, en remerciement, pour avoir été épargné. Les enfants d’Israël, quant à eux, offrent leurs sacrifices dans une période sereine et pleine de miracles, en reconnaissance, pour bien faire savoir que même dans l’abondance, le bien être, et la sérénité, on se doit de remercier l’Eternel, pour toutes les bontés dont Il nous gratifie. C’est ce que dit le roi David dans ses psaumes (Téhilim V, 8): « mais moi, grâce à Ton immense bonté, j’entre dans Ta maison, je me prosterne dans Ton saint temple, pénétré de Ta crainte ».

Si l’on se réfère à la parabole du Midrach, le Seigneur préfère donc les offrandes, présentées en reconnaissance, pour toutes les bontés qu’Il nous aura octroyées, plutôt que les offrandes en remerciement d’avoir échappé à un quelconque danger.

La difficulté est, qu’en période faste, l’homme ne se rend pas bien compte des bienfaits de l’Eternel, et ce n’est, malheureusement, qu’au travers des épreuves, qu’il en prend le plus souvent conscience. Toutefois l’élan de l’homme envers son Créateur est généralement plus fort quand il exprime sa gratitude après l’événement salvateur. C’est pourquoi il importe de déployer la même impulsion dans notre attitude lorsque tout va bien.

C’est ainsi qu’il faut comprendre la fin du Midrach : « l’Eternel prendra plaisir aux offrandes de Yéhouda et de Jérusalem », à condition qu’il y ait, comme « dans les années d’autrefois » celles du roi Chlomo (période de sérénité et d’abondance) la même reconnaissance qu’«aux jours antiques », ceux de la période de Moché, où les enfants d’Israël, dans ce désert hostile, avaient les yeux tournés en permanence vers le ciel pour leur survie et pour leur subsistance.

Chabbat Chalom Oumévorakh