Parachat  KI-TISSA 

Parachat  KI-TISSA 

La Paracha rapporte, en détail, l’épisode funeste du veau d’or. Mais alors que l’Eternel dit à Moché : « Laisse-moi … anéantir (…) ce peuple à la nuque roide (…) tandis que Je ferai de toi un grand peuple », celui-ci n’accepte pas, et sans hésiter, implore tout de suitel’Eternel, pour qu’Il pardonne aux enfants d’Israël.

« Souviens-Toi d’Abraham, d’Ytshak et d’Israël, tes serviteurs, à qui tu as juré par toi-même, leur disant : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel ; et tout ce pays que j’ai désigné, je le donnerai à votre postérité, qui le possédera à jamais ! » (Chémot XXXII, 13).

Le Ben-Ich-Haï explique que Moché Rabbénou présente ici trois arguments différents en faveur des enfants d’Israël.  

Le premier est le serment, fait aux patriarches, « à qui tu as juré ». Pourquoi fallait-il un serment ? C’est étonnant ! Car généralement on ne prête serment que pour s’engager fortement à tenir parole et rassurer ainsi celui qui en douterait. Mais peut-on douter de la parole de D… ? Les patriarches craignaient-ils que l’Eternel renonce à ses promesses ? « D… n’est pas un mortel, pour mentir, ni un fils d’Adam, pour qu’Il se ravise ; est-ce Lui qui parle et ne tient point parole ? Qui affirme et n’exécute point ? » (Bamidbar XXIII, 19). Les commentateurs répondent que D… a tenu à jurer pour le cas où les enfants d’Israël fauteraient et ne mériteraient plus cette alliance. Il leur pardonnera, pour respecter les termes de Son serment. Et c’est ce que Moché rappelle en leur faveur.

Le deuxième argument est dans le « Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel ». Pourquoi comme les étoiles du ciel ? Déjà, dans la paracha de Lekh Lékha, il est dit : « je rendrai ta descendance semblable à la poussière de la terre ; tellement que si l’on peut dénombrer la poussière de la terre ta descendance aussi pourra être dénombrée » (Béréchit XIII, 16). C’est que les étoiles, nous rappelle le Ben Ich Haï, font allusion aux Tsadikim, comme il est dit : « les Sages resplendiront comme l’éclat du firmament … et les Tsadikim comme les étoiles, à tout jamais » (Daniel XII, 3). En comparant les descendances d’Abraham, d’Ytshak et de Yaakov aux étoiles, l’Eternel promet d’être toujours là pour pardonner leurs fautes et faire en sorte qu’ils aient toujours le statut de Tsadikim, comme il est dit : « et j’épancherai sur vous des eaux pures afin que vous deveniez purs de toutes vos souillures et de toutes vos abominations je vous purifierai » (Yéhézkel XXXVI, 25).

Le troisième argument est dans la fin du verset : « et tout ce pays que j’ai désigné, je le donnerai à votre postérité », dont le rappelest aussi un appel au pardon. En effet, la Halakha établit qu’un homme ne peut faire de cadeau à qui n’est pas encore né, voire même à un fœtus (bien que conçu) dans le ventre de sa mère. Dès lors comment D… a-t-il pu donner la terre d’Israël aux enfants des patriarches ? C’est que le fils fait exception à cette règle. Le Ben-Ich-Haï cite la Guémara (Baba Batra 142b) qui stipule la particularité du fils lequel peut recevoir un bien, avant même sa naissance. C’est l’argument repris par Moché Rabbénou : « puisque la terre leur a été désignée, et donnée à (leur) postérité, avant qu’elle ne vienne au monde, c’est que Tu les considères comme Tes propres fils », comme il est dit « Vous êtes les enfants de l’Eternel » (Dévarim XIV, 1). Certes, la Halakha veut que « le roi ne puisse pardonner la moindre offense faite à son honneur », mais par contre un père peut, lui, renoncer à l’honneur qui lui revient, et pardonner à ses enfants.

Bien sûr D… avait fait comprendre à Moché qu’il devait intercéder en faveur des enfants d’Israël. Cependant Moché aura été un excellent avocat désintéressé, et sa plaidoirie s’est révélée persuasive et efficace. Aussi « l’Eternel se ravisa du malheur qu’il avait voulu infliger à son peuple » ( Chemot XXXII, 14).

Chabbat Chalom Oumévorakh