Parachat  VAYAKHEL

Parachat  VAYAKHEL

Au début de la Paracha, Moché convoque toute la communauté des enfants d’Israël. Il va décrire la construction du Michkan mais tout d’abord rappeler l’importance du Chabbat et ses lois. Le verset dit ensuite : « Toute la communauté des enfants d’Israël se retira de devant Moché » (Chémot XXXV, 20).

Les commentateurs s’interrogent : « de devant Moché » pourquoi cette  précision ? Si Moché a réuni le peuple autour de lui, il est évident qu’ils se retirèrent ensuite de devant lui ?

Le Rav Eliahou Lopian zatsal rapporte le célèbre verset de Michlé (Proverbes III, 34) : « Se trouve-t-Il en présence de railleurs, Il leur oppose la raillerie, mais Il accorde Sa bienveillance aux humbles ». Rachi explique que l’homme adopte progressivement la conduite de ceux qui l’entourent, et finira par leur ressembler. S’il s’agit de railleurs il deviendra railleur, s’il se trouve en présence de personnes humbles, il sera pénétré d’humilité. Lorsqu’on voit un homme saoul dans la rue, on peut raisonnablement présumer qu’il sort d’un bar ou d’une soirée arrosée. Les enfants d’Israël se retirèrent de devant Moché : à leur conduite on pouvait deviner qu’ils sortaient de « devant Moché ». Sa présence avait une forte influence sur le peuple. Le simple fait de l’avoir approché, ne serait-ce que quelques instants, se reflétait aussitôt dans leurs comportements. C’est aussi ce que nos Sages nous enseignent ( Yoma 86a) : celui qui étudie la Torah doit montrer l’exemple dans sa façon d’agir et dans la manière dont il s’adresse aux autres. On attend de lui une conduite irréprochable et une morale sans compromis, avant même de rechercher son érudition et sa sagesse.

Le Or Ha’hayim donne une autre explication. Lorsque les enfants d’Israël ont entendu le commandement d’amener de l’or et de l’argent pour la construction du Michkan, ils se sont précipités, tous ensemble, pour apporter au plus vite leurs contributions. Cet empressement (pour la Mitsva) leur a cependant fait oublier la Halakha, à savoir qu’un élève ne peut quitter son maitre sans sa permission. Et c’est justement ce que le verset vient nous enseigner : ils se retirèrent de devant Moché, avec sa permission, tous à la fois dans un même ensemble.

Cet empressement pour la mitsva était tel que Moché dut, par la suite, les arrêter car il y avait de l’or et de l’argent, bien plus que nécessaire : «  le peuple apporte en abondance, plus que suffisant… » (Id XXXVI,5). Les enfants d’Israël avaient apporté tout ce qu’ils possédaient, avec largesse, sans compter.

C’est que la construction du michkan valait réparation de la faute du veau d’or et en vertu du principe Mida kénékéd mida, mesure pour mesure, ils s’efforcèrent de s’investir de la même manière pour le Michkan. Au veau d’or ils commencèrent par s’attrouper autour de Aaron (Chémot XXXII, 1), ils se rassemblèrent cette fois autour de Moché. Ils s’étaient  dépouillés des pendentifs en or qu’ils avaient arrachés aux oreilles de leurs épouses, ils donnèrent tout ce qu’ils avaient de précieux pour le Temple. Ils ont érigé un autel et offert des sacrifices devant le veau d’or, là encore ils participèrent à la construction de l’autel et offrirent des sacrifices pour l’Eternel. Ils ont fauté en criant : « voilà tes dieux Israël » (idem 8), ils déclarent maintenant : « voilà les comptes du tabernacle, tabernacle du Témoignage » (idem XXXVIII, 21). Le verset parle ici de témoignage, c’est le tabernacle qui vient témoigner que l’Eternel leur fait grâce et leur pardonne la faute du veau d’or.

Chabbat Chalom Oumévorakh