Parachat Terouma
« Des pierres de choham et des pierres à enchâsser pour l’éphod et le hochen (« pectoral ») (Chémot 25,7).
Les pierres du éphod et du pectoral ont été apportées par les chefs des tribus, en dernier. C’est pourquoi, explique le Or Ha’haïm, leurs offrandes ne sont mentionnées qu’après celles, d’or, d’argent, qu’après les étoffes d’azur et de pourpre, les huiles et les parfums, apportées par les enfants d’Israël. Les chefs de tribu (Néssiim) ont tardé à apporter leur participation à la construction du tabernacle, ils se sont dit : « que le peuple offre ce qu’il offrira, et nous compléterons tout ce qui manquera! ». Mais le peuple a offert tout ce qui était nécessaire, les chefs des tribus ont alors apporté les pierres du éphod et du pectoral. Comme ils avaient manqué de zèle, il manque une lettre à leur nom (voir Rachi Chémot 35,27). Le mot Néssiim est ensuite écrit avec un « Youd » en moins, ce qui n’est pas une chose anodine : le « Youd » enlevé au nom de Saray (devenue Sarah) s’était présenté devant Hachem pour réclamer sa place, laquelle lui a été rendue lorsque Hochéa (Josué) est devenu Yéhochoua.
Il est tout de même étonnant que l’on vienne à reprocher aux chefs des tribus un retard qui relève en fait d’une intention louable, celle de compléter, à eux seuls, tout ce qui manquerait. Le prix des pierres précieuses n’était d’ailleurs pas à la portée des moyens de la grande majorité du peuple.
Le Rav Haim Chmoulevitz, de la Yéchiva de Mir, explique que le commandement de sanctifier le nom divin est déduit du verset : « Tu aimeras l’Eternel ton D…, de tout ton cœur, de toute ton âme… » (Dévarim 6,5). Un homme peut trouver mille raisons pour se dérober, quand il s’agit de sanctifier le Nom divin au péril de sa vie. Seul l’amour de D… peut permettre cette Mitsva, car il n’y a pas, dans ce cas, de place pour les calculs tactiques. Les chefs de tribus avaient, sans doute, de bonnes raisons pour tarder à apporter leurs offrandes, mais la Mitsva, dans « l’amour parfait », aurait dû les pousser à vouloir être les premiers.
Au sujet de Bil’am il est marqué : « Bil’am se leva le matin, sangla son ânesse et partit avec les princes de Moab« (Bamidbar 22,21). Rachi rapporte que D… lui dit : « Rachà! leur patriarche Abraham t’a déjà devancé comme il est dit : « Abraham se leva de bonne heure, sangla son âne… et se mit en chemin » (Béréchit 22,3). Bil’am animé de sa haine contre les enfants d’Israël s’est pressé, au mépris de son honneur personnel, de seller lui-même son âne pour partir les maudire. Le peuple juif se trouva, alors, en grand danger, tant était puissante la parole de Bil’am. Là aussi nous retrouvons la même idée, « l’amour parfait pour D… » que montra Avraham Avinou, qui se leva très tôt le matin et lui aussi sella lui-même son âne, mais pour se dépêcher d’accomplir la volonté de son Créateur, prêt à Lui sacrifier jusqu’à son fils, sans laisser de place aux calculs tactiques qu’il aurait pu faire, nous sauva des mauvaises intentions de Bil’am.
Chabbat Chalom Oumévorakh