Parachat Béhar-Bé’houkotaï
A propos de la Chemita : « La septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un Chabbat en l’honneur de l’Eternel (….) ce sol en repos sera à vous pour la consommation : à toi, à ton esclave, à ta servante, au mercenaire, et à l’étranger qui habitent avec toi » (Vayikra XXV, 4 et 6).
Et pour le Jubiléil est écrit : « Nulle terre ne sera aliénée irrévocablement car la terre est à Moi, car vous n’êtes que des étrangers domiciliés chez Moi. » (Vayikra XXV, 23)
Le Rav Yérou’ham, de Mir, nous dit comment comprendre ces deux mitsvot. Le Iben Ezra (Bamidbar XV, 39) écrit à propos de la Mitsva des Tsitsit, que la réalisation de ce commandement veut que tout celui qui possède un habit à quatre coins, le porte avec des Tsitsit toute la journée. Certains diraient qu’il vaut mieux les mettre uniquement pendant la prière, parce qu’on les mentionne dans la lecture du Chéma, mais d’après lui, c’est au contraire toute la journée que les Tsitsit sont nécessaires, car pendant la prière, de toute manière, on ne faute pas. Le Iben Ezra veut nous apprendre comment envisager la mitsva, non pas seulement comme un ordre à accomplir, et pour lequel, à notre avis la téfila serait le moment opportun, mais plutôt, comme un conseil afin de se rappeler en permanence toutes les mitsvot de la Torah.
La majorité des versets du séfer Michlé convergent vers la même remarque. Chlomo Hamélékh réprimande l’homme qui dénigre les conseils de la Torah : « La sagesse prêche dans la rue (…) jusqu’à quand insensés haïrez vous le savoir (…) puisque vous avez repoussé, tous mes conseils » (Michlé I, 20-25). « A moi les conseils, gage de succès… » (Id .VIII, 14).
En fait, tel est l’esprit de toutes les mitsvot, comme le dit le Zohar : les 613 commandements sont 613 conseils pour se parfaire et se rapprocher de l’Eternel.
C’est ainsi, poursuit le Rav Yérou’ham de Mir, qu’il convient de comprendre les Mitsvot du Jubilé et de la Chémita. Le but de ces Mitsvot est clair, nous imprégner de ce que « vous n’êtes que des étrangers domiciliés chez Moi », situation qui ne peut être ressentie par la seule réflexion ; il faut y mêler l’action, c’est le pourquoi des précisions mentionnées dans notre paracha, liées au Jubilé et à la Chémita. Le verset nous dit : « parce que l’homme qui les pratique obtient par eux, la vie » (Vayikra XVIII, 5).
Pendant le Yovel, du fait que l’on soit obligé de rendre le terrain acquis à son premier propriétaire, et du fait, pendant la Chémita, qu’il soit interdit de travailler la terre, et de vendre sa production, la laissant accessible à tous, l’homme prendra conscience qu’il n’est pas « chez lui », « à la maison », tel un marin à bord de son bateau. C’est donc par ces obligations, qui sont les conseils de la Torah, que l’on prendra pleinement conscience du « vous n’êtes que des étrangers domiciliés chez Moi ».
Chabbat Chalom Oumévorakh