Parachat  BEHAR

Parachat  BEHAR

Notre paracha débute par la Mitsva de Chémita. « La septième année un chômage absolu sera accordé à la terre (…) Le produit spontané de ta moisson, tu ne le couperas point, et les raisins de ta vigne intacte, tu ne les vendangeras point … Le sol en repos sera  à vous pour la consommation … » (Vayikra XXV, 4-6). C’est quasiment tout le « bénéfice » du dur labeur  des années précédentes qui risque de se perdre.

Aussitôt après, la Torah enchaine avec la Mitsva du Yovel (le jubilé). Au terme de quarante-neuf ans, et de la septième Chémita, arrive le Yovel, qui rajoute une nouvelle année d’interdiction de travail, et de repos pour la terre. Non seulement les travaux des champs resteront interdits, mais la propriété des biens est restituée à leur premier propriétaire. Egalement tous les esclaves hébreux seront affranchis. Cette fois, c’est le « capital » même, qui disparait.

Cette restitution des biens se fera au son du chofar, que l’on sonnera le jour de Kippour, de l’année du jubilé. Pourquoi est-ce justement le jour de Kippour qui ait été choisi par la Torah pour appliquer ces lois du Jubilé, et pourquoi cela devait-il se faire par la sonnerie du chofar ?

Le Or-‘Hadach explique qu’au Jubilé, l’homme ne perd pas seulement les bénéfices et le capital des biens, mais il en perd surtout l’emprise, et son statut de maitre respecté et honoré par ses esclaves obéissants. A l’époque du premier Temple, le prophète Yérmiyahou avait recommandé aux enfants d’Israël d’affranchir les esclaves, mais après l’avoir suivi un premier temps, ils les récupérèrent, supportant mal la perte de leur autorité. D… leur a alors rappelé qu’Il est Le propriétaire de la terre, qu’elle leur a été, seulement, donnée en fermage : « si vous ne libérez pas les esclaves, si vous ne rendez pas les terres, je vous chasserai, je vous exilerai, vous deviendrez tous esclaves, et vous comprendrez que la terre est à moi ».

Le Yérouchalmi rapporte le verset (Chémot VI, 13) « alors l’Eternel parla à Moché et à Aharon ; Il leur ordonna au sujet des enfants d’Israël et au sujet de Pharaon, roi d’Egypte, afin de faire sortir les enfants d’Israël de son pays », et s’étonne (Roch hachana ch 3 hal 5) : les ordres concernaient Pharaon, pourquoi s’adresser aux enfants d’Israël ? C’est qu’il s’agissait de leur enseigner les lois du Jubilé : (la restitution des terres et) la libération des esclaves. Pourquoi ? Parce que les enfants d’Israël, instruits alors qu’ils sont encore dans les difficultés et la souffrance, pourront mieux accomplir ce devoir en son temps.

C’est aussi pourquoi le jour de Kippour a été choisi pour sonner le chofar. A ce moment du jeûne, au terme d’une journée de prières, l’homme est parvenu à se détacher de la matérialité, et se trouve en situation de pouvoir facilement proclamer « la liberté dans le pays pour tous ses habitants ».

Le jubilé est appelé « Yovel », valeur numérique quarante-neuf, en allusion directe à l’année d’exercice de cette Mitsva. Le rav Chimchon Raphael Hirch zatsal ajoute que le son du chofar est, lui aussi, appelé Yovel dans la Torah. Le son du chofar est lié à la crainte et à la peur comme il est dit : « alors retentira le chofar dans la ville et le peuple ne tremblerait pas ? » Mais ce son « Yovel », paradoxalement, représente aussi le calme et la sérénité, comme il est dit « lorsque retentiront les derniers sons du Yovel ils monteront sur la montagne » (Chémot XIX, 13), et l’interdiction (d’approcher) prendra fin. Au son du Yovel, à Kippour, règnent aussi le calme et la sérénité, qui nous feront proclamer l’affranchissement des esclaves.

On remarquera que c’est justement à propos des esclaves et de la terre que l’Eternel s’exclame : « car c’est à Moi que les israélites appartiennent comme esclaves » (Vayikra XXV, 55) et « car toute la terre est à Moi » (Chémot XIX, 5) ; elle n’est offerte qu’en métayageC’est à l’occasion du Yovel que D… nous rappelle ces deux points particuliers affirmant qu’Il est le Créateur et le Maitre de toutes choses, et que lui seul est Eternel. 

Chabbat Chalom Oumévorakh