Parachat  BE’HOUKOTAI

Parachat  BE’HOUKOTAI

« Si un homme a consacré à l’Eternel une partie de sa terre » et si par la suite, « il veut la racheter, il paiera un cinquième en sus du prix estimé, et elle lui restera » (Vayikra XXVII, 16-19). Par contre, quelqu’un d’autre qui viendrait acheter au Temple cette même terre ne devra rien ajouter à son prix. Les commentateurs s’étonnent et s’interrogent sur les raisons de cette différence.

On serait, en effet, tenté de penser le contraire, et de vouloir favoriser le donataire, ancien propriétaire. Après tout c’est son champ, qu’il a offert au Temple, et qu’il vient maintenant récupérer. Il l’a donné gratuitement, pourquoi devrait-il pour le reprendre payer un prix fort, puisque majoré du cinquième ? L’acheteur-autre, lui, vient tout simplement profiter de l’opportunité ; il paraîtrait normal qu’il ait à rajouter quelque chose au bénéfice du Beth Hamikdach.

Le rav Yérouham zatsal de Mir explique que l’effort, de celui qui a offert son bien, l’a élevé spirituellement à un niveau qu’il se doit de maintenir. C’est pourquoi on lui demande de poursuivre et de rajouter sur la valeur initiale de la somme qu’il a offerte. Quant à celui qui vient acheter le bien d’un autre, il est comme un  commerçant venu acquérir une marchandise disponible, pour laquelle on lui réclamera le juste prix, sans plus.

Cette approche se rencontre dans plusieurs autres exemples :

Le Nazir, qui a fait vœu d’abstinence pour le vin, doit, à la fin de sa nézirout, apporter un sacrifice expiatoire, un «’hatat». Le Ramban s’étonne, un sacrifice expiatoire ? Le Nazir aurait-il fauté ? Effectivement, il lui est reproché d’interrompre le processus d’élévation spirituelle qu’il avait entamé voilà trente jours, et qu’il aurait dû poursuivre. La Torah l’avait considéré comme un saint homme pour son ascétisme, éloigné du vin, et de la matérialité.

 Le Hinoukh rappelle un point important concernant le Nazir. Pendant toute la durée de sa nézirout, il ne peut se rendre impur même pour un de ses proches décédé, alors que le Cohen, qui, toute sa vie durant, doit absolument éviter de se rendre impur au contact d’un mort, aura le droit, lui, d’être au contact de  son père décédé ou de sa mère ou de tout autre de ses sept proches parents défunt. Le Nazir serait-il plus « saint » que le Cohen ? C’est que le Nazir qui a choisi cette démarche d’élévation se trouve contraint d’accéder à de plus grands niveaux encore, car comme nos Sages l’enseignent : « l’homme qui se sanctifie ici-bas, sera en retour sanctifié par le Ciel ».

Le non-juif ne se verra pas puni pour n’avoir pas accompli de mitsvot, alors qu’un enfant d’Israël qui aurait accompli toute la Torah mais qui aurait transgressé un seul commandement sera réprimandé pour cela. Parce que la Torah demande à l’homme de parfaire ses actions avec une exigence à la taille de son niveau spirituel, de sa sainteté.

« A celui qui a commencé une mitsva on dira : termine-la! » (Sotta 13b). Parce que si c’est un autre qui vient la terminer, on fera descendre le premier de sa « grandeur » comme il est dit à propos de Yéhouda : « ce fut en ce temps-là que descendit Yéhouda d’auprès de ses frères » (Béréchit XXXVIII, 1). Il descendit … de sa grandeur pour n’avoir pas terminé le sauvetage de Yossef (Rachi).

Le Maharal explique (Nétiv Hatorah ch 18) cette guémara Sotta, dans le même sens : puisque cet homme s’est élevé en commençant la mitsva, s’il ne la termine pas il descendra automatiquement de sa madrégua, de son piédestal. C’est le sens de cette prière du roi David : « que le Bien et le ‘Héssed me poursuivent toute ma vie et que j’habite de longs jours dans la maison du Seigneur » (Téhilim XXIII).

Chabbat Chalom Oumévorakh