Parachat BAMIDBAR
Le Midrach Rabba rapporte que la Torah a été donnée avec du feu, de l’eau et dans le désert : le feu comme il est dit : « Et la montagne de Sinaï était toute fumante » (Chemot XIX, 18) ; l’eau comme il est dit : « les cieux se fondirent, les nuages se fondirent en eau » (Choftim V, 4) ; et le désert comme il est dit, dans notre paracha : « L’Eternel parla en ces termes à Moché, dans le désert de Sinaï… » (Bamidbar I, 1).
Le Rav Meir Chapira zatsal de Loubline, initiateur du daf hayomi, explique que le peuple d’Israël a montré un dévouement total pour D… et sa Torah, et justement au regard de ces trois points : tout d’abord Abraham Avinou a préféré se laisser jeter au feu, dans la fournaise préparée par Nimrod, plutôt que d’abjurer sa foi ; sa descendance, le peuple juif tout entier se jeta à l’eau, dans la mer rouge, sur l’ordre de D… (à Moché, de se mettre en marche) ; et pendant quarante ans, ce peuple suivit l’Eternel dans le désert. Les enfants d’Israël méritaient bien que la Torah leur soit donnée.
« L’Eternel parla en ces termes à Moché, dans le désert de Sinaï… » (Bamidbar I, 1). Pourquoi répéter à nouveau le Sinaï, déjà mentionné au verset précédant (le dernier de la paracha Bé’houkotaï) : « tels sont les commandements que l’Eternel donna à Moché, pour les enfants d’Israël, au mont Sinaï » (Vayikra XXVII, 34) ? Répond le Baal Hatourim : « c’est pour nous enseigner, que si l’homme ne se considère pas comme un désert il ne pourra connaître la Torah et les mitsvot ».
Au moment du don de la Torah, le Midrach (Chémot Rabba 29,9) rapporte que les animaux sont restés immobiles, l’oiseau ne s’est pas envolé, n’a pas chanté et le taureau est resté silencieux. La Création tout entière s’est mise en retrait, pour laisser place à la Torah. Lorsque l’homme s’annule et se fait désert, il s’offre à toute construction, dont il ne pourra que s’en réjouir.
Le Midrach (Raba I, 2) rapporte pour illustrer notre verset l’histoire d’un gouverneur qui se rend dans une de ses villes florissantes. A son arrivée, tous les habitants s’éclipsent pour éviter de le rencontrer. Il en va de même dans une deuxième ville, pourtant habituellement très animée. La ville suivante que visite le gouverneur est quasi en ruine, mais là, tous les (derniers) habitants de cette ville se précipitent pour le voir et le louer. Alors se dit le gouverneur : celle-là est la meilleure de mes villes ! C’est ici que je vais m’installer !
Voilà pourquoi D… a choisit le désert. Lorsque l’Eternel s’approcha de la mer, elle s’enfuit de devant LUI comme il est dit : « la mer Le vit et se mit à fuir » (Tehilim CXIV, 3), et de même pour les montagnes, comme il est dit : « les montagnes bondirent comme des béliers (idem, 4). Lorsqu’Il se rendit dans le désert il est dit : « que le désert et ses villes élèvent la voix … qu’ils poussent des cris de joie du sommet des montagnes » (Yéchayahou XLII, 11).
Comment interpréter cette parabole ? Cette ville et ses ruines feraient allusion au désert et à ses montagnes, le choix d’installation du gouverneur au don de la Torah. Mais pourquoi les habitants des premières villes ont-ils fui le gouverneur alors que ceux des ruines sont venus à lui, avec joie ?
Le Birkat Mordékhaï explique que la venue du gouverneur dans la ville en ruine apporte l’espoir d’un changement radical, des projets de reconstruction et de développement, alors que dans les villes, déjà bien développées, cette venue est appréhendée, par crainte de nouveaux décrets ou de nouvelles impositions. Mais si les habitants des villes s’enfuient, par peur, ceux des ruines accourent, eux, à la rencontre de leur sauveur et futur bienfaiteur.
‘Hodéch Tov Oumévorakh
Chabbat Chalom