Parachat EMOR

Parachat EMOR

« Quand vous serez arrivés dans le pays que je vous accorde … vous apporterez un ômer des prémices de votre moisson… » (Vayikra XXIII 10). Cette offrande était composée de farine d’orge, et ce n’est qu’une fois cette offrande offerte, que la nouvelle récolte de l’année était permise à la consommation. Elle est appelée ômer parce que sa mesure, un dixième de Eifa, est aussi appelée ômer, comme il est dit, à propos de la manne, qu’ils la « mesurèrent à l’ômer » (Chémot XVI, 18).

Le midrach (Vayikra rabba 28,3) rapporte l’enseignement de rabbi Berakhya : l’Eternel s’adressant à Moché, lui demanda de : « dire aux enfants d’Israël, lorsque Je vous donnais la manne, Je donnais une mesure de ômer à chacun d’entre vous, comme il est dit « un ômer par tête, selon le nombre de vos personnes, chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente » (id. XVI, 16). Maintenant que c’est vous qui viendrez Me donner le ômer, Je ne prends qu’une mesure de vous tous, une seule pour tout le peuple réuni, et de l’orge tout simplement, pas même de blé ».

Qu’est-ce que ce lien entre la manne et l’ômer ? La mesure, de toutes les offrandes au Temple, était aussi d’un dixième de Eifa (« un ïssaron »), c’est-à-dire un ômer ! Pourquoi n’y a-t-il que cette offrande, pour laquelle est mentionnée « la mesure du ômer », dont elle portera même le nom?

Le Rav Réouven Karleinshtein zatsal donne cette belle explication :     

– Pendant quarante ans, dans le désert, les enfants d’Israël furent nourris par la manne. La ration quotidienne était la même pour chacun, homme ou femme, adulte ou enfant, riche ou pauvre, une mesure de ômer par personne. Le chef de famille ramenait la quantité nécessaire au nombre d’âmes à sa charge. Celui qui aurait pris un peu plus que nécessaire, ne retrouvait, en rentrant chez lui, que la quantité qu’il aurait dû prendre. Inversement, « celui qui avait ramassé peu, n’en manquait pas »(Id.18).

– La manne s’élevait à une hauteur de soixante coudées, soit près de trente mètres de haut ; elle tombait en quantité abondante pour le jour même. La partie qui n’était pas ramassée le matin, fondait au soleil, celle qui n’était pas mangée, ne pouvait se conserver, elle se détériorait. A l’exception du vendredi, où tombait aussi la manne du lendemain, du Chabbat. Elle avait le goût de tout ce que l’on pouvait désirer. L’origine céleste de sa nourriture était pour l’homme évidente et incontestable.

– Cependant, une fois arrivés sur leur terre, les enfants d’Israël commencèrent les travaux des champs, chacun d’entre eux utilisant ses capacités et son savoir-faire pour que la terre donne le maximum d’elle-même. La réussite pouvait donc être rapportée à la main de l’homme qui viendrait à dire : « c’est ma propre force, et la vigueur de ma main, qui m’ont valu cette richesse » (Dévarim VIII, 17). C’est pourquoi la Torah nous demande de prendre conscience que tout appartient au Créateur, et que l’on ne possède que ce qu’Il veut bien nous accorder. Au terme de tous ses efforts et de son labeur, l’homme va devoir attendre avant de couper et de récolter son blé. Il lui faut d’abord apporter au Beth hamikdach l’offrande du ômer, celle qui rappellera la manne, sa mesure, et surtout sa provenance, afin qu’il reconnaisse, « (souviens-toi) que c’est l’Eternel ton D… qui te donne la force pour acquérir cette richesse » (Id, VIII, 18).

On notera aussi que la manne tomba du ciel jusqu’au seize Adar de l’année où le peuple entra en terre d’Israël, et il continua d’en manger pendant un mois jusqu’au seize Nissan, jour de la première offrande du ômer, au Mishkan. L’oblation de l’agneau, sacrifié avec le ômer, était de « deux dixièmes de fleur de farine pétrie à l’huile », alors que généralement, pour les autres sacrifices, l’agneau n’était accompagné que d’un dixième de farine. Peut-être pour nous rappeler encore la manne, et la double part que les enfants d’Israël recevaient le vendredi pour Chabbat

Chabbat Chalom Oumévorakh