PARACHAT KORA’H

PARACHAT KORA’H

           « Si l’Eternel produit une création nouvelle ; si la terre ouvre  son sein pour les engloutir avec tout ce qui est à eux … vous saurez alors que ces hommes ont outragé l’Eternel (…) Et la terre ouvrit (vatifta’h)  son sein (littéralement : sa bouche) et les dévora, eux et leurs maisons, et tous les gens de Kora’h et tous leurs biens (…) La terre se referma sur eux, et ils disparurent du milieu de l’assemblée. » (Bamidbar XVI, 30-33).

En réponse à Kora’h, qui lui cherchait querelle, Moché a fait appel à l’intervention divine : c’est que Kora’h, sur un ton railleur, dénigrait les enseignements de Moché et déniait  l’origine divine de la Torah.

Certes, depuis la Création, il y eut de nombreux tremblements de terre, mais comme fait remarquer le Ramban, si la terre s’ouvrait, elle laissait toujours l’ouverture béante, qui jamais ne s’est refermée aussitôt, comme dans ce cas de Kora’h et de ses acolytes.

          L’ouverture de la terre fait partie des dix choses créées le sixième jour, au crépuscule, juste avant l’entrée de Chabbat, (Michna Avot Ch5, 6). Pourtant le verset de notre paracha, parle d’une création nouvelle. Le Tossefot Yom Tov précise que l’ouverture de la terre était effectivement  « prévue » et donc déjà « créée » à l’origine de la Création du monde, mais Moché demanda quelque chose de plus, que la terre parle, et qu’elle dise qu’ils ont tous été engloutis et envoyés aux abîmes du Guéhinom. Le verset dit d’ailleurs : « la terre ouvrit (vatifta’h) sa bouche et les avala ». Et « tous les israélites qui étaient autour d’eux s’enfuirent à leurs cris », sans chercher à leur porter secours, c’est qu’ils eurent peur des cris qui sortaient de sous terre, et de cette Terre qui se mit à parler.

Le Maharal de Prague explique que les dix choses, créées au crépuscule, ont été mentionnées dans la michna Avot parce qu’elles réunissaient en elles, la matérialité et la spiritualité confondues. Elles ne pouvaient être créées qu’à ce moment précis, entre les six jours, période de la création matérielle, et le septième jour, le Chabbat, avant goût du monde futur, jour d’élévation  spirituelle. Et la terre qui parle, qui s’ouvre et se referme à l’image de la bouche humaine,  illustre  cette confluence.

Pourquoi fallait-il que Kora’h soit puni justement de cette manière ? Le Zohar Hakadoch (Beréchit 28b) fait le lien entre Kora’h et Caïn. Kora’h était la réincarnation (le Guilgoul) de Caïn et Moché celle de Hével. A propos du meurtre de Hével, D… dit à Caïn : « Le cri du sang de ton frère s’élève, jusqu’à Moi, de la terre … tu es maudit à cause de cette terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère » (Beréchit IV, 10-11). Il convenait donc qu’en retour cette terre qui a reçu la victime engloutisse cette fois l’assassin.

 Le Or Ha’hayim précise que cette terre qui avait ouvert sa bouche pour recevoir le sang du Tsadik Hével est ainsi venue réparer sa faute en la ré-ouvrant pour engloutir ces réchaïm : Kora’h et ses acolytes.

Chabbat Chalom Oumévorakh