PARACHAT CHELA’H LEKHA

PARACHAT CHELA’H LEKHA

Les explorateurs revenus de la terre d’Israël ont ramené une énorme grappe de raisins, (qu’il leur a fallu porter à deux), ainsi que quelques grenades et quelques figues, toutes de dimensions impressionnantes. Ils les montrèrent aux enfants d’Israël et dirent à Moché : « Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avais envoyés ; oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici de ses fruits (…) les villes sont fortifiées et très grandes (…) Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un pays qui dévore ses habitants ; quant au peuple que nous y avons vu, ce sont tous des gens de haute taille. » (Bamidbar XIII, 27-32).

Dans quelle intention les explorateurs sont-ils venus exposer les fruits de la terre, en insistant sur leur taille gigantesque ?

« Un pays qui dévore ses habitants » ? D… les a pourtant bien protégés dans leur traversée du désert, une terre particulièrement hostile, et cependant : « Tes pieds n’ont pas été meurtris, durant ces quarante années » (Dévarim VIII, 4).

« Ce peuple est plus fort que nous (…) tous des gens de haute taille ? » Certes, mais c’estl’Eternel qui les conduit, Lui qui leur a fait jusqu’ici tant de miracles !

Le Ramban (XIII, 32) écrit : « Une terre qui est mauvaise et dans laquelle coule très peu d’eau, ne fera grandir en elle que des gens petits, faibles, et sans puissance. Les explorateurs ont voulu démontrer qu’au contraire la terre d’Israël était forte, ses eaux abondantes et ses fruits si gigantesques que seuls des géants pouvaient y habiter, des créatures de haute taille au corps particulièrement fort et non pas des hommes « moyens » comme les enfants d’Israël.

Le Birkat Mordékhaï donne une explication qui place la discussion au niveau spirituel, les explorateurs voulant dire qu’il n’y avait de place que pour les « grands », sur cette terre qu’ils venaient d’explorer. La taille de ses fruits, qui n’avait pas de pareille ailleurs, en était la preuve. Le pays dévore ses habitants, ceux qui ne rentrent pas dans cette catégorie, parce que la Terre ne les supporterait pas. Eux, les explorateurs se sentaient « petits » comme ils le dirent à Moché : « Nous étions à nos propres yeux comme des sauterelles » (Id. XIII, 33).

L’erreur des explorateurs est de ne pas avoir pris la mesure de leur propre grandeur. Il est exact que la terre d’Israël fait grandir les grands. Mais les géants rencontrés ne l’étaient qu’en taille corporelle, par contre le peuple d’Israël est grand, lui, au niveau spirituel. « Vous êtes les enfants de l’Eternel votre D…, et c’est toi qu’Il a choisi pour Lui être un peuple spécial entre tous les peuples répandus sur la terre. » (Dévarim XIV, 1-2). Il pourrait donc y habiter en toute tranquillité.

Rabbénou Yona (Chaaré  Haavoda) dit que la première porte à franchir pour l’homme, au service du Créateur, est de reconnaitre sa propre grandeur, savoir apprécier son importance, celle de ses ancêtres, et l’estime que lui porte le Maitre du monde.   

La terre d’Israël sans le peuple d’Israël n’a pas sa raison d’être. C’est pourquoi dire qu’Erets Israël n’est pas faite pour le peuple juif c’est en dire de la médisance, du Lachon Harah, voire de la calomnie Du Motsi Chem rà !

Chabbat Chalom Oumévorakh