Parachat Vayikra
Le Midrach Rabba (Vayikra 7,3) rapporte la question suivante au nom de Rabbi Assi : « pourquoi donc commence-t-on l’enseignement des enfants par le Lévitique, Torat Cohanim, livre des lois concernant les prêtres, et non pas par la Genèse (Béréchit) qui remonte aux origines de l’humanité ? » et répond : « les enfants sont purs et les sacrifices sont purs, que viennent les purs étudier les sujets de pureté ».
Dans le cercle familial, l’enfant a déjà appris bon nombre de choses, à croire en D… « Unique » Créateur du ciel et de la terre, et en Sa « Torah, transmise à nous par Moché, héritage de la communauté de Yaacov ». Mais c’est « à l’âge de cinq ans que débute l’étude de la loi écrite » (Pirké Avot 5,21). L’Etude, la logique voudrait qu’elle commence par l’histoire d’Abraham et de Sarah. L’enfant apprendrait ainsi à « écouter » la voix de D… comme l’a fait Abraham, notre père, à prier comme Sarah, notre mère. La fidélité d’Abraham à sa foi, sa générosité, son hospitalité, son honnêteté, toutes ces qualités viendraient favorablement marquer de leur empreinte le cœur de nos petits.
Pourquoi alors démarrer sur des sujets aussi difficiles que les sacrifices, qui pourraient apparaître comme des actes violents et incompréhensibles. Pauvre bête qu’il faille égorger ! Asperger ensuite son sang ? Mais pour quelles raisons ? Cette étude n’aura-t-elle pas d’effet négatif sur l’enfant ? D’un autre côté, à dire vrai, s’il fallait commencer par Béréchit (comme le proposait le Midrach) l’enfant pourrait-il mieux comprendre le verset « et le souffle d’Elokim planait sur la face des eaux ». (Béréchit 1,2)?
Le Rav Chimchon Pinkouss zatsal répond que D… seul, qui a créé l’homme, sait ce qui est bon pour lui. Nous disons tous les matins : « L’âme que Tu as mise en moi est pure ! C’est Toi qui l’a créée et c’est Toi qui l’a insufflée en moi ». Tel homme qui vient d’acheter une belle voiture est très étonné qu’elle s’arrête, après quelques kilomètres. Le vendeur lui expliquera qu’elle est tout simplement à court d’essence, et il s’en ira chercher un bidon plein. Mais si l’odeur et la couleur de ce liquide ne lui disent rien qui vaille et qu’il refuse tout net de remplir, avec, son réservoir, que pourrait lui dire le vendeur ? Sinon : « Suivez le mode d’emploi du constructeur ! »
Si l’Eternel nous recommande de débuter l’instruction de l’enfant, par les lois concernant les sacrifices, c’est à juste raison. Parce que ce n’est pas le sujet abordé qui importe au premier chef, mais le fait même d’étudier. L’étude de la Torah est en soi une Ségoula ; elle a cette capacité de faire grandir dans la bonne direction. Jamais après avoir étudié, un enfant ne voudra se lever pour tuer son frère comme l’a fait Caïn, ou pour le vendre comme les frères de Yossef.
Le Midrach nous enseigne ici que c’est la force de la Torah, elle-même, qui influencera la conduite de l’élève, et le mérite de l’étude qui rapporte davantage que le sujet étudié. Dès lors il sera préférable que « les enfants qui sont purs viennent s’instruire des sujets de pureté que sont les sacrifices » Et comme disent nos Sages (Yerouchalmi, Haguiga 1,7) : « (הלואי) il aurait été plus profitable qu’ils M’oublient, mais qu’ils gardent l’étude de Ma Torah car la lumière qui est en elle, les ramènera sur le bon chemin. »
Chabbat Chalom Oumévorakh