Parachat Chémini
Après le décès des deux enfants d’Aaron, Nadav et Aviou, entrés dans le tabernacle en état d’ivresse, l’Eternel s’adressa à Aaron (lémor) (et lui dit) : « tu ne boiras ni vin ni liqueur forte, toi non plus que tes fils, quand vous aurez à entrer dans la tente d’assignation afin que vous ne mouriez pas… et afin de distinguer entre le sacré et le profane, entre l’impur et ce qui est pur. »(Vayikra10,8-10)
On ne peut que s’étonner du lien de ce deuxième verset « Et afin de pouvoir distinguer entre le sacré et le profane … » avec l’interdiction de consommer du vin avant d’entrer dans le Michkan.
Le Maguid de Douvna explique que le vin a la faculté d’apporter à l’homme de la joie comme il est dit : « donnez des liqueurs fortes aux malheureux, du vin à ceux qui ont l’amertume au cœur »(Michlé 31,6). Mais le Cohen n’a pas besoin de boire du vin, le Beth Hamikdash est en mesure de le remplir de joie comme l’exprime le roi David : « je suis dans la joie quand on me dit : nous irons dans la maison de l’Eternel »(Tehilim 122,1). Plus encore, rajoute le Ben Ich Haï, le vin n’apporte qu’une joie matérielle, temporaire, qui disparaît une fois que l’effet du vin s’estompe. Par contre, la joie acquise au Beth Hamikdash, elle, est spirituelle et ne le quittera plus. Par le service des Cohanim au Temple, un esprit de sainteté et de pureté pénètre l’homme, la joie s’installe dans son corps qui restera même une fois sa mission terminée. Ainsi la Torah interdit aux Cohanim de boire du vin (ou toutes boissons qui les « réjouiraient ») pour ne pas remplacer la vraie joie spirituelle par une joie matérielle, éphémère.
Le mot du verset « lémor » (pour dire) peut se lire aussi « Lo mar » (pas amer), une mise en garde pour Aaron : « toi qui te trouves constamment dans le tabernacle tu ne dois pas éprouver (de mar) d’amertume et tu ne dois pas recourir à l’alcool, pour la faire disparaître ». La Torah poursuit: « ne penses pas que l’interdiction soit liée à la nécessité d’accomplir convenablement le service des sacrifices, car quand bien même tes enfants seraient avec toi et te surveilleraient, le vin te reste interdit.
On comprendra mieux la suite du verset « afin de distinguer entre le sacré et le profane, entre l’impur et ce qui est pur ». La Torah demande au Cohen de distinguer entre la joie spirituelle et sacrée et la joie matérielle, profane.
L’entrée au temple était pour l’homme un moment particulier d’élévation spirituelle, avec l’annulation de sa personne devant l’Eternel. C’est pour cela nous explique le Chla Hakadoch que dans tous les lieux saints, on retrouve ce commandement si particulier de se déchausser : « Ôte ta chaussure car l’endroit que tu foules est un sol sacré! ». La semelle en cuir sous le pied de l’homme révèle sa domination sur le monde animal, et justement dans un endroit sacré où l’homme doit s’annuler face à son Créateur, il ne peut se prévaloir d’une quelconque suprématie.
Chabbat Chalom Oumévorakh