Parachat VAYETSE
« Il prit une des pierres de l’endroit, en fit son chevet, et se coucha la nuit dans cet endroit-là » (Beréchit XXVIII, 11). De ce verset, nos sages déduisent qu’avant de se rendre, à la demande de sa mère, chez son oncle Lavan pour y trouver une épouse, et pour échapper à Essav son frère, Yaacov est parti à la Yéchiva de Ever pour y étudier quatorze ans. Il se coucha la nuit dans cet endroit-là laisse sous-entendre une restriction, cette nuit il se coucha, par contre les nuits qu’il passa dans la Yéchiva, il ne se coucha pas, et étudiait la Torah sans interruption.
C’est que (malgré l’ordre de ses parents et le risque de rencontrer Essav) Yaacov avait compris qu’il devait se préparer avant d’aller affronter Lavan et son entourage, et ce par l’étude de la Torah.
Rachi rapporte que « les pierres ont commencé à se disputer, l’une exigeant : C’est sur moi que ce juste posera sa tête ! Et l’autre protestant : Non c’est sur moi qu’il la posera ! Aussitôt, le Saint béni soit-Il les a fondues en une seule pierre (Houlin 91b) ainsi qu’il est écrit, Yaacov, le matin, prit la pierre (au singulier) qu’il avait mise sous sa tête (verset 18) ».
Le Midrach Raba (68,11) rapporte trois avis : « 1) Rabbi Yéhouda dit qu’il prit douze pierres, sachant par prophétie que douze tribus devaient naître. Il se dit : si ces pierres se réunissent en une seule, c’est la preuve que ce sera moi qui les engendrerai. 2) Rabbi Néhémia dit qu’il prit trois pierres et se dit : l’Eternel posa Son nom sur Abraham et Yits’hak (deux, des trois patriarches), si ces pierres s’unifient, c’est que je serai le troisième. 3) Enfin pour Rabbanan, Yaacov prit deux pierres, et s’est dit : Abraham et Yts’hak ont eu une scorie dans leur descendance, si ces deux pierres s’unissent c’est que je n’aurai qu’une bonne descendance.
Comment comprendre ce Midrach : est ce que Yaacov attendait un miracle ? Cherchait-il un signe du Ciel d’après ces trois avis ? Le rav Yits’hak Dov Koppelman, zatsal, expliquait que Yaacov voulait, en fait, savoir quel était son propre niveau spirituel, s’il était méritant, pour être le troisième patriarche, le père des douze tribus, tous des Tsadikim.
Ce « test » était donc pour lui une indication pour évaluer sa grandeur. Comme l’explique le Messilat Yécharim (perek 1) : « La création toute entière s’élève au contact du Tsadik, de l’homme parfait. Car le monde entier a été créé pour lui. Lorsqu’il s’élève, il élève avec lui la Création toute entière, qui est là pour le servir. Aussi ces pierres se disputaient-elles pour que le Tsadik repose sa tête sur l’une d’entre elles. » La fusion de ces pierres en une seule, était pour Yaacov la preuve de sa piété.
Après quoi, « Yaacov fit un vœu en ces termes : Si l’Eternel est avec moi, s’Il me garde dans la voie où je marche (…) que je retourne en paix à la maison de mon père, D… sera pour moi Elokim » (verset 20-21). Le mot « en paix »(Béchalom), précise Rachi, contient l’idée d’intégrité. « Entier de tout péché, car je ne veux rien apprendre des manières d’agir de Lavan. » Nous voyons donc que malgré les quatorze années de préparation intensive et le témoignage par l’agrégation des pierres de la grandeur de Yaacov, qu’il craignait cependant le voisinage funeste de Lavan et de son entourage.
Combien peut être néfaste un mauvais entourage ! Yaacov malgré toute son intégrité avait peur d’être influencé par Lavan, car comme l’écrit le Rambam (Hilkhot Déot ch 6, 1) : « La nature de l’homme est de suivre par la pensée et dans ses actes l’influence de ceux qui l’entourent, jusqu’à finir par se comporter comme tous les habitants de son pays. »
Chabbat Chalom Oumévorakh