Parachat VAYERA

Parachat VAYERA

Sarah remarqua la conduite immorale d’Yichmaël, le fils d’Hagar, qui s’adonnait à un culte idolâtre, et qu’elle vit, un jour, tirer une flèche sur Yits’hak en prétendant viser des oiseaux (Midrach Raba). « Elle dit à Abraham : renvoie cette esclave et son fils (…) Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre pleine d’eau, les remit à Hagar … et la renvoya. Elle s’en alla et s’égara dans le désert … » (Beréchit XXXI, 10,14).

Dans le désert, Yichmaël, assoiffé, souffrait de fièvre (à cause du mauvais œil que Sarah lui avait jeté) et ne pouvait plus marcher.  « Lorsque l’eau fut épuisée, Hagar jeta son fils au pied d’un arbre », etpour ne pas le voir mourir, « elle alla s’asseoir du côté opposé … elle éleva la voix, et pleura. » D… dessilla alors ses yeux et elle vit, toute proche, une source d’eau salvatrice. Le texte précise que « D… entendit le gémissement de l’enfant ». C’est la prière d’Yichmaël qui fut « entendue » et agréée ! Pas celle d’Hagar, de la mère pour son fils ?

Pourtant, Yichamël est considéré par la Torah comme un Racha, un idolâtre, coupable aussi de meurtre et d’adultère (Rachi XXI, 9). D’après le Bartenoura, sa mère alla s’asseoir du côté opposé, à la distance d’un trait d’arc, « de peur qu’il ne lui lance une flèche ». Hagar, par contre, est remarquable, appelée par la suite Kétoura (XXV, 1), parce que ses actions étaient aussi belles que l’encens (kétorét) ; elle eut le mérite de voir des Anges, de façon coutumière (Rachi XVI, 13). Et bien que les portes des larmes ne soient jamais fermées au Ciel et qu’elle ait pleuré et prié, de tout son cœur, pour la guérison de son fils, c’est lui qui sera entendu et exaucé.

Rachi est explicite : « de là nous apprenons que la prière du malade, lui-même, vaut davantage que celle des autres pour lui et qu’elle est agréée en premier ».

Le rav Yaakov Galinski zatsal explique que la prière c’est le « service du cœur » (Taanit 2a), et qui, mieux que le malade lui-même, peut exprimer le ressenti de sa douleur et sa souffrance. C’est pourquoi sa supplique qui vient du fond du cœur est entendue.

Le Cohen Gadol, le jour de Kippour, à la sortie du Saint des Saints, faisait une courte prière (pour éviter d’inquiéter le peuple) et demandait, entre autres, que l’année soit pluvieuse et chaude et que D… ne tienne pas compte de la prière des voyageurs (Yoma 53b). C’est dire qu’un simple voyageur, que la pluie dérange en chemin, pourrait par sa prière personnelle arrêter les pluies et menacer les récoltes de toute l’année.

Seule la prière du Cohen Gadol, de cet homme le plus élevé du peuple d’Israël, en ce jour solennel, et à proximité du Saint des saints, seule la prière de ce grand prêtre, pourrait entraver la demande du voyageur, laquelle, venant du fond du cœur, risque d’être immédiatement agréée.

D… avait dit à Abraham que sa descendance serait asservie et opprimée durant quatre cents ans (Béréchit XV,13). Pourtant l’esclavage proprement-dit n’a duré que deux cent dix ans ! Par quel mérite les enfants d’Israël sont-ils sortis plus tôt d’Egypte ? Question que Moché Rabbénou soi-même a posé (Rachi : Chémot III, 12) ! Car ils n’avaient aucun mérite, bien au contraire, ils avaient été idolâtres en Egypte (Yéhézkel XX, 8), à tel point, qu’à la traversée de la mer rouge, les anges s’écrièrent : « Maître du monde, pourquoi les égyptiens seraient- ils punis et les Bné Israël épargnés ? » (Midrach Rabba Vayikra 23,2).

C’est parce que : « leur plainte était montée vers D… du sein de l’esclavage » (Chémot II, 23), des cris du cœur, qui arrivèrent jusqu’au trône céleste et c’est pourquoi, l’Eternel dit : « J’ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs … et Je suis donc intervenu » (Id III, 8).

Chabbat Chalom Oumévorakh