PARACHAT REE
« Voyez, Je mets aujourd’hui devant vous bénédiction et malédiction : la bénédiction, si vous écoutez les commandements de l’Eternel votre D… que Je vous prescris aujourd’hui » (Dévarim XI, 26-27). Plus loin dans parachat Nitsavim (XXX, 19) la Torah poursuit « J’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, tu choisiras la vie afin que tu vives, toi et ta postérité ».
Nous avons donc le choix : accepter ou refuser. D… nous a offert ce cadeau exceptionnel qu’est le libre arbitre, mais Il nous recommande de choisir la vie, c’est-à-dire la Torah et l’attachement au Créateur.
Pour que ce libre arbitre puisse s’exercer, pleinement, l’Eternel a créé toute chose avec son contraire, sur deux plateaux antagonistes : le bien et le mal, le bonheur et le malheur, la vérité et le mensonge, l’eau et le feu, placés « à l’équilibre », de sorte que l’homme ne soit pas davantage enclin à se diriger d’un côté plutôt que de l’autre. C’est ce qu’enseigne Kohelet, chapitre VII au verset 14 : « … considère que D… a fait correspondre l’un à l’autre, zé léoumat zé, assa HaElokim ».
Le ‘Hévat Yair (responsa 136) rapporte l’histoire d’un juif, trainé en justice par un non-juif, qui pour trouver grâce aux yeux du juge, lui adressa un beau cadeau. Le juge, étonné, lui déclare qu’il ne s’attendait pas du tout à une telle démarche, d’autant que la Torah-même interdit tout présent corrupteur. Le juif lui répondit, qu’en fait, il venait rétablir l’équilibre entre les parties, le juge ayant la réputation de ne pas aimer particulièrement les juifs.
C’est aussi pourquoi, explique le Beth Halévi, D… a endurci le cœur du Pharaon. Celui-ci ne voulant pas libérer les enfants d’Israël, il lui fallut endurer les dix plaies pour finir par accepter. Hachem voulait que le Pharaon libère les Enfants d’Israël de son plein gré, c’est pourquoi il lui a endurci le cœur pour faire contrepoids et lui permettre de supporter les dix plaies.
Les forces du bien et du mal sont présentes et s’affrontent en permanence, l’une face à l’autre. Lors de la traversée de la mer rouge, « une servante eut sur la mer des visions, que même le prophète Ye’hezkel ben Bouzi n’eut pas » (Zohar tome II, 64b). C’est dire l’intensité, à ce moment-là, de la Révélation divine, dans toute Sa gloire. D’ailleurs les enfants d’Israël éprouvèrent une foi parfaite en Hachem, et pourtant … la statue de l’idole Mikha, a elle aussi, traversé la mer, dans leur bagage (Sanhedrin 103b).
Le Yetser Harà (l’attrait) de l’idolâtrie, à l’époque des rois d’Israël, était très fort. Le roi Ménaché vint en rêve à Rav Achi (Sanhedrin 102b) qui en avait parlé familièrement à ses élèves. Pour lui montrer, tout d’abord, qu’il était beaucoup plus grand que lui en Torah, et ajouter que si Rav Achi avait vécu à son époque, il aurait lui, relevé le bas de sa tunique pour courir plus vite vers la « avoda zara », tellement la tentation de l’idolâtrie était forte. Le roi Yéroboam était un des Grands de sa génération, au point que tous les Sages, comparés à lui, étaient peu importants, comme « l’herbe des champs ». Et pourtant il a fauté, fait fauter le peuple tout entier dans l’idolâtrie, et refusa de faire la téchouva que D…, Lui-même, lui demandait.
Lorsque, plus tard, les Sages de la Grande Assemblée annulèrent cet attrait irrésistible, en retirant ce pouvoir au mauvais penchant, (Yoma 69b), en retour du balancier, la prophétie disparut du peuple d’Israël, pour maintenir l’équilibre et rétablir le libre arbitre (Baba Battra 12b).
On pourrait croire qu’il était facile, à l’époque des miracles dévoilés, d’accéder à une foi parfaite ; n’oublions pas qu’à la sortie d’Egypte, un seul homme se présenta pour se convertir, Yitro ! Paradoxalement, aujourd’hui, nous assistons à un retour massif des juifs à la Torah, bien que les signes du Ciel ne soient pas toujours évidents. En fait, « zé léoumat zé », les choses étant, l’une en regard de l’autre, en rapport proportionné, la difficulté reste toujours la même à chaque époque.
Chabbat Chalom Oumévorakh