Parachat PIN’HAS
« Pin’has, fils d’Eléazar, fils d’Aharon le prêtre, a détourné ma colère de dessus les enfants d’Israël, en assouvissant ma vengeance au milieu d’eux, en sorte que je n’ai pas anéanti les enfants d’Israël, dans mon indignation. » (Bamidbar XXV, 11).
La Guémara (Sanhédrin 82b) révèle pourquoi le texte cite son ascendance : « fils d’Eléazar, fils d’Aharon. » C’est que les tribus ont commencé à le dénigrer : « Avez-vous vu ce fils de Pouti, dont le grand père maternel (Yitro) a engraissé (pitém) des veaux pour les idoles, qui se permet de tuer un prince (Zimri) de tribu en Israël ! » Aussi le texte rappelle-t-il ses nobles origines !
N’est pas zélateur qui veut ! Il ne lui faudrait pas un jour perpétrer la même faute que celui qu’il aura puni ! Le Hafetz Haïm rapporte le Smak (Sefer Mitsvot Katan) qui écrit que celui qui tuerait un « rodéf » (lequel s’apprêtait à assassiner ou à commettre une relation interdite), ce zélateur devra veiller toute sa vie à ne jamais commettre la même faute que ce « rodef », autrement il serait blâmé pour meurtre !
Elicha avait envoyé le prophète Yona oindre Yéhou et le sacrer roi d’Israël (Mélakhim II, IX, 2-3). Il lui ordonna aussi de tuer tous les prophètes du Baal et la famille du roi A’hav. Ce qu’il fit (Id. X, 25-27) et il en fut grandement récompensé, quatre générations de ses enfants siègeront sur le trône d’Israël (verset 30).
Pourtant à la fin de sa vie, on lui reprocha d’avoir tué la maison d’A’hav, l’idolâtre : « Je demanderai compte du sang de Yizreël (la famille de A’hav) à la maison de Yéhou, et Je ferai disparaître la dynastie de la Maison d’Israël » (Hochéa I, 4). Parce que, dit le Hafetz Haïm, Yéhou avait commis involontairement le péché d’idolâtrie (Sanhédrin 102b). Or le zélateur qui tue pour la sanctification du Nom Divin doit être lui-même parfait et irréprochable.
Pin’has a vécu jusqu’à l’époque de Yifta’h de Guilad. Les enfants d’Israël avaient pratiqué l’idolâtrie, et l’Eternel les fit tomber dans les mains des Ammonites et des Philistins. Ils prièrent l’Eternel qui leur envoya Yifta’h pour les sauver. Avant de sortir en guerre il fit ce vœu à l’Eternel : « Si Tu livres en mon pouvoir les enfants d’Ammon, la première créature qui sortira de ma maison au-devant de moi, quand je reviendrai vainqueur des enfants d’Ammon, sera vouée à l’Eternel et je l’offrirai en holocauste. » (Choftim XI, 30-31).
Lorsque Yifta’h revint chez lui, à sa grande déception, « voici venir sa fille à sa rencontre, avec des tambourins et des chœurs de danse. C’était son unique enfant (…) Lorsqu’il la vit il déchira ses vêtements (…) Mais je me suis engagé devant l’Eternel, je ne puis m’en dédire. Elle lui répondit : Mon père tu t’es engagé devant D… fais moi ce qu’a promis ta bouche … »
Nos sages (Taanit 4a) rapportent que l’Eternel se mit en colère contre Pin’has qui aurait dû annuler le vœu de Yifta’h. Pin’has pensait que c’était à Yifta’h (qui avait besoin de lui) de se rendre chez le Cohen Gadol demander son aide. Yifta’h, lui, argumentait que ce n’était pas l’honneur du roi de se déplacer. C’est pourquoi Yifta’h fut puni par des ulcères qui le firent mourir et surtout Pin’has perdit l’esprit prophétique pendant deux cents ans (Yalkout Chimoni 68).
Là aussi nous voyons, poursuit le Torat Hessed, que Pin’has fut réprimandé pour avoir été responsable indirectement du meurtre de la fille de Yifta’h. Toute sa vie, il se devait d’être attentif à cette faute tout particulièrement, et rester irréprochable étant lui-même zélateur en l’honneur de l’Eternel.
C’était ce que les enfants d’Israël soulignaient en rappelant l’ascendance de Pin’has. Était- il vraiment apte à être zélateur ou avait-il adopté une conduite semblable à celles de ses ancêtres maternels ? Toute sa vie durant, ils examinèrent à la loupe sa conduite, pour être sûr qu’il méritait ce titre de zélateur.
Chabbat Chalom Oumévorakh