PARACHAT  PEKOUDE

PARACHAT  PEKOUDE

« Vatis’hak léyom a’haron : la femme vaillante … elle pense en souriant à l’avenir » (Michlé XXXI, 25).De ce verset, le Midrach Rabba (52,3), sur notre paracha, apprend que la récompense des Tsadikim n’est pas de ce monde mais léyom a’haron, au Monde futur.

Ce Midrach raconte qu’un des élèves de Rabbi Chimon Bar Yohaï avait quitté le pays pour faire fortune et était revenu richissime. Ses compagnons d’étude étaient tentés d’en faire autant. Rabbi Chimon les fit alors sortir dans une vallée qu’il interpella : « Vallée, vallée ! remplie-toi de pièces d’or ! » Et s’adressant ensuite à ses élèves : « Si c’est de l’or que vous recherchez, servez-vous ! Mais sachez que celui qui se sert maintenant, prend sa part de salaire du monde futur, car les récompenses promises ne sont pas pour ce monde. »

Il est certain, explique le Rav Chalom Chvadron, zatsal, que les élèves de Rabbi Chimon étaient tous d’un niveau spirituel élevé et ne cherchaient pas simplement à s’enrichir. Leur compagnon avait, sans aucun doute à son retour, regagné les bancs de la maison d’étude, mais se servait de son argent pour accomplir des Mitsvot supplémentaires. Et c’est cela que ses amis jalousaient : ils désiraient, eux aussi, servir l’Eternel de cette manière. Rabbi Chimon les rectifie : « si c’était votre mission dans ce monde, Hachem vous aurait donné cet or. S’il n’en est pas ainsi, c’est que D… veut, pour vous, autre chose. Alors, si vous saisissez cet or, c’est le salaire qui vous était réservé au monde futur que vous aurez pris ! »

Mais est-il possible de perdre cette part a priori réservée, s’étonne le Rav Chvadron ? D’autant plus que les élèves de Rabbi Chimon voulaient de l’argent pour accomplir des mitsvot or le Talmud (Kidouchin 39b) nous dit qu’il n’y a pas de récompense aux mitsvot ici-bas ! Et le Hafetz Haïm de rajouter que tous les biens de ce monde ne suffiraient pas à payer ne serait-ce qu’une seule mitsva !

Le Midrach poursuit avec l’histoire de Rabbi Chimon Ben ‘Halafta (dans une version légèrement différente de celle du Tamud). N’ayant pas de quoi manger pour Chabbat, il sortit alors prier dans les champs, et reçut descendue du Ciel une pierre précieuse. Mais sa femme la refusa, craignant que sa « table » au Ciel ne soit manquante ou bancale. Il rendit alors la pierre, qu’un ange récupéra aussitôt.

Le rav Chvadron souligne que dans cette deuxième histoire seule la « stabilité » de la table se serait trouvée atteinte, alors que dans la première histoire les élèves de Rabbi Chimon en se servant prendraient de leur part dans le monde futur ? Il convient donc de distinguer nous explique le Rav entre la récompense affectée aux mitsvot et celle réservée à l’étude de la Torah.

De par sa grandeur la Torah ne peut offrir que du spirituel : la jouissance du monde futur dans la proximité avec la Chékhina. Impossible d’en tirer profit dans ce monde. Alors que pour la Mitsva, bien que ce monde ne soit pas suffisant pour recevoir la juste récompense, si l’homme accorde beaucoup de valeur à ce monde-ci, il pourrait la recevoir ici-bas. Les élèves de Rabbi Chimon voulaient de l’argent pour accomplir d’autres mitsvot et c’est donc un salaire de mitsva qu’ils auraient reçu, par contre Rabbi Chimon Ben ‘Halafta n’avait besoin d’argent que pour avoir de quoi manger, vivre et continuer d’étudier la Torah, son salaire quand bien même aurait-il gardé la pierre précieuse lui serait resté intact.

Chabbat Chalom Oumévorakh