PARACHAT MIKETZ
Yossef, devenu Vice-roi d’Egypte, traite ses frères d’espions et les fait prisonniers. Puis il les libère, mais remet en prison Chimon, qu’il garde en otage, exigeant de ses frères qu’ils ramènent Binyamin, afin de prouver la sincérité de leurs paroles. Devant le refus catégorique de leur père Yaacov, Réouven propose alors, en garantie : « Fais mourir mes deux fils, si je ne te le ramène ! » (Beréchit 42,37).
Le Midrach (rapporté par le Baal Hatourim) nous enseigne que de ces mots Réouven appela sur lui un châtiment qui se réalisa dans sa descendance, sur Datan et Aviram. את שני
= « mes deux (fils) » ont en effet la même valeur numérique que הם דתן ואבירם = « ce sont Datan et Aviram ». Pourtant Réouven dans sa proposition voulait assurer son père qu’il était digne de sa confiance et qu’il lui était entièrement dévoué. Pourquoi donc, s’étonne le Rav Haïm Zaytchik zatsal dans son livre « Or Hadach », fallait-il qu’il soit puni, que ses deux arrières petits-fils, (qui furent certes des mécréants) périssent engloutis dans la terre avec l’assemblée de Kora’h ?
La Guemara (Baba Batra 74, b) rappelle que « Tout ce que D… créa dans Son monde Il le créa mâle et femelle ». C’est-à-dire que D… créa des contraires, et le paradoxe est qu’ils sont complémentaires et participent ensemble à l’accomplissement de la Volonté divine. L’homme fut créé avec la femme « une aide à ses côtés » grâce à laquelle il pourra atteindre son développement spirituel ; c’est avec elle qu’il s’élèvera.
Quand bien même ces oppositions seraient fortement antagonistes, de même que dans l’obscurité se dévoile la lumière, les forces du mal peuvent contribuer à mettre en valeur les forces du Bien. Les nations du monde font souffrir et oppriment les enfants d’Israël, ce qui finalement les ramène à la Torah, évite qu’ils ne se mélangent parmi elles et les détache du monde matériel.
La valeur numérique du mot « Essav » est égale à celle du mot « Chalom » (Paix). Le Maharal de Prague s’étonne car le verset est formel « point de paix dit l’Eternel, pour les méchants! » (Yéchaeya 48,22). La réponse est qu’en fait la mauvaise conduite de Essav aura pour effet de rapprocher le peuple d’Israël de son Créateur, de Celui à qui appartient la Paix. Le Midrach Rabba (Vayikra 13,5) dit que le «’Hazir », le porc, mentionné dans le verset (idem 11,7) «… il sera impur pour vous » c’est « Edom » qui est ainsi appelé parce qu’il est Mahzir (= il ramène) la Couronne à sa place comme il est dit : « Et des libérateurs monteront sur la montagne de Tsion pour se faire les justiciers du mont de Essav, et la royauté appartiendra à l’Eternel » (Ovadiya 1,21). En quelque sorte, grâce à lui, le peuple fera Téchouva et aura droit à la venue du Machia’h.
Lorsque le peuple d’Israël est attaqué et opprimé par les nations du monde il ne doit pas se décourager car c’est à travers ces épreuves et cette obscurité qu’il grandira et se rapprochera de D… ! Datan et Aviram sont allés du côté de la faute, mais ils auront servi d’exemple pour nous apprendre que celui qui va à l’encontre de la Torah finira par périr. Grande est la valeur de la parole humaine. Sitôt dit « Fais mourir mes deux fils » qu’un décret céleste tomba sur la descendance de Réouven et deux de ses enfants auraient dû mourir sur le champ, mais comme son intention était bonne, la sanction sera reportée sur ses arrières petits-fils avec un effet positif sur le Peuple qui se rapprochera de l’Eternel.