Parachat EMOR
La Torah raconte, en fin de notre Paracha, l’histoire de celui qui blasphéma le Nom Divin et qui fut en conséquence lapidé.
« Le fils d’une femme israélite et fils d’un homme égyptien sortit au milieu des enfants d’Israël ; ils se querellèrent dans le camp (au sujet de son campement), ce fils d’une israélite et l’homme israélite (son adversaire qui l’avait empêché de dresser sa tente). Le fils de la femme israélite proféra en blasphémant, le Nom sacré ; on le conduisit devant Moché. Et le nom de sa mère était Chélomith, fille de Divri, de la tribu de Dan. » (Vayikra XXIV, 10-11).
Rachi rapporte que cet homme était le fils de l’égyptien tué par Moché, et la Torah, en révélant le nom de sa mère, vient faire l’éloge du peuple d’Israël, en pointant qu’elle a été la seule à avoir fauté.
« Le fils d’une femme israélite … sortit » ; mais d’où est il sorti ? Rachi nous donne trois explications :
— « Rabbi Lévi a enseigné qu’il est sorti de son monde (futur).
— Rabbi Bérakhya dit qu’il est sorti du passage précédent. Il se mit à railler et à dire : Au jour du Chabbat on les disposera (les pains de préposition) devant l’Eternel, en permanence. La coutume pour le roi est de consommer chaque jour du pain frais, serait-elle maintenant de manger du pain vieux de neuf jours ? (Midrach Tan’houma)
— D’après une Bérayta, il serait sorti du tribunal de Moché. Car il avait voulu planter sa tente au sein de la tribu de Dan, arguant qu’il en était descendant de par sa mère. On lui répliqua que c’est selon les signes de la maison paternelle (Bamidbar II, 2) que se désignait le camp. Il s’est alors rendu au tribunal de Moché qui l’a débouté. Rebelle, il s’est révolté et a blasphémé. »
Le Maguid, rav Chalom Chvadron, zatsal, expliquait qu’il n’y avait pas de contradiction entre ces trois explications, mais simplement trois étapes dans le dévoiement de cet homme.
Il était sorti de son monde, du fait de ses railleries, lesquelles finirent par l’exclure du peuple d’Israël. Sa mère, rapporte Rachi, était bavarde, « jacassante ». Elle interpellait tout un chacun, disait : Chalom à toi ! Chalom à toi ! Chalom à vous ! D’où son nom Chélomit. Chélomit et non pas juste Davranit ; la Torah met en relief la source de sa dépravation. Elle prônait la paix avec tous, mais à sa manière, éventuellement en désaccord avec la Torah, dont elle s’éloigna jusqu’à fauter avec l’égyptien.
Son fils, à sa suite, se créa un monde à lui, avec ses valeurs, tel qu’il l’imaginait, c’est de ce dernier qu’il sortit. C’est pourquoi il vint à railler les commandements du Le’hem Hapanim (les pains de préposition). La Torah n’était pas dans « sa logique », il ne voyait pas le miracle de l’Eternel qui faisait que le pain soit conservé chaud, d’une semaine à l’autre.
Il est évident qu’une fois sorti, condamné par Moché, il s’égare et s’insurge contre l’Eternel au point de blasphémer. Le rav Chvadron conclut qu’il ne faut pas s’attarder sur le comportement de cet homme, mais rechercher la source de sa mauvaise conduite, sachant que « Les chemins de la Torah (sont ceux qui) sont agréables et tous ses sentiers (ceux qui) sont de paix » (Michlé III, 17).
Chabbat Chalom Oumévorakh