Parachat Dévarim

Parachat Dévarim

          S’adressant à tout le peuple, Moché énumère tous les endroits où Israël a irrité D…mais ses réprimandes ne sont dites que par allusion, eu égard aux enfants d’Israël. S’agissant de l’épisode des explorateurs, il rappelle : « …vous avez murmuré dans vos tentes, disant : C’est par haine pour nous que l’Éternel nous a fait sortir de l’Egypte! C’est pour nous livrer au pouvoir de l’Amorréen, pour nous anéantir! » (Dévarim 1,27)

          Rachi explique « nous avoir fait sortir d’Egypte était une manifestation de haine…tel un roi de chair et de sang qui aurait eu deux fils et possédé deux champs, l’un bien irrigué, l’autre aride. Il donnera le champ bien irrigué au fils qu’il aime, et l’aride à celui qu’il hait. L’Egypte, grâce aux crues du Nil, est un pays bien irrigué, tandis que la terre de Kena‘an est aride et voilà « Il nous a fait sortir d’Egypte pour nous donner le pays de Kena‘an.».

          Nos sages auraient dû relier la prétendue « manifestation de haine » à la suite du verset « pour nous livrer au pouvoir de l’Amorréen, pour nous anéantir » et non à la sortie d’Egypte spécifiquement. C’est que, répond le Maharal de Prague, les enfants d’Israël ont traduit la sortie d’Egypte comme une marque de rejet, visant à les éloigner de ce pays réservé au fils qu’Il aime, à l’égyptien, quitte à les mettre en danger face aux Amorréens. Déjà durant leur périple, les explorateurs qui voient les cananéens enterrer leurs morts, déclarent : « c’est un pays qui dévore ses habitants », alors que le Saint Béni soit-Il avait fait en sorte que les habitants soient préoccupés par leur deuil et ne fassent pas attention aux explorateurs (Rachi Bamidbar 13, 32).

          Pourtant la Paracha de Ekev est rassurante et nous dit : « Car le pays où tu vas entrer, pour en prendre possession, n’est pas comme le pays d’Egypte dont vous êtes sortis, où tu devais semer ta graine et arroser à l’aide du pied, comme en un jardin potager. Mais le pays que vous allez conquérir est un pays de montagnes et de vallées, abreuvé par les pluies du ciel; un pays sur lequel veille l’Éternel, ton Dieu, et qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin. » (Dévarim 11,10-13)

          Comment comprendre toutes ces erreurs de jugement ? Comment cette grande qualité de la terre d’Israël, qui est d’être le pays sur lequel l’Eternel veille et qui est abreuvée par les pluies du ciel, a-t-elle pu être perçue par les enfants d’Israël comme médiocre et la manifestation d’une haine? Comment pouvaient-ils lui préférer la terre d’Egypte abreuvée elle par le Nil ? C’est, explique le Rav Koppelman zatsal, que les explorateurs ne voulaient pas d’une terre dont l’irrigation et par suite la production soit dépendante de la qualité de notre relation avec l’Eternel. Soit que leur foi ait été des plus fragiles, soit qu’ils craignaient eux-mêmes de faillir. C’est aussi que la terre d’Israël ne donne du meilleur d’elle-même que lorsque le peuple d’Israël est à son plus haut niveau spirituel.

 Chabbat Chalom Oumévorakh