Parachat CHELA’H LEKHA  (en Israël)

Parachat CHELA’H LEKHA  (en Israël)

Au retour de leur mission, les explorateurs vont dire du mal de la Terre Promise. S’adressant à Moché et à toute la communauté, ils leur montrent les beaux fruits qu’ils ramènent. « Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avais envoyés ; oui vraiment il ruisselle de lait et de miel, et voici ses fruitsMais il est puissant le peuple qui habite ce pays. » (Bamidbar XIII, 27). Ces paroles, au départ, ne sont pas calomnieuses pour la terre, mais Rachi explique, que dans chaque mensonge il y a une part de vérité, et c’est pourquoi ils commencent par en dire du bien.

Cependant, ils auraient pu commencer par parler des géants, et des villes, qui leur faisaient peur, pour ensuite rajouter un petit mot sur les fruits. C’est que les premières choses qui se présentèrent à eux en arrivant étaient « les fruits de la terre » (Id., 23). Moché leur avait dit aussi : « Tâchez d’emporter quelques-uns des fruits du pays. » C’était donc une des choses importantes de leur mission.

Il leur avait demandé : « Quant au sol, s’il est gras ou maigre, s’il y a des arbres ou non. » Rachi écrit un arbre, il s’agit « d’un homme cacher qui protégerait les habitants par son mérite. » Mais les explorateurs pouvaient-ils, en quelques jours, s’apercevoir si un tel homme existait ? Et sur quels critères d’appréciation ?

Le rav Yossef Haïm Zonnenfeld, zatsal, rav de Jérusalem, rapporte ce passage du Talmud (Kétouvot 112a) : « Rabbi Yéhochoua ben Lévi se rendit un jour dans la ville de Gabla, il y trouva des grappes de raisins qui ressemblaient par leur forme et par leur taille à des veaux. Il s’exclama : Terre, terre ! Pour qui fais-tu sortir ces fruits, pour ces hommes qui nous font du mal, et qui se lèvent contre nous, à cause de nos fautes ? L’année suivante, Rabbi ‘Hiya se rendit au même endroit, et voyant ces grappes (diminuées après les paroles de rabbi Yéochoua) qui ressemblaient, cette fois, à des chèvres, il s’exclama : des chèvres au milieu des vignes ! Aussitôt les habitants de la ville le firent partir, en disant : ne nous  fais pas comme ce que nous a fait ton ami (rabbi Yéhochoua). »  

Pourquoi rabbi Yéhochoua était-il si étonné ? La nature de cette terre, fertile et féconde, qui donnait de tels fruits, devait-elle nécessairement dépendre des actions et du mérite de ses propriétaires ?

Oui, répond le rav Zonnenfeld, la qualité des fruits et celle des récoltes sur la terre d’Israël sont liées aux vertus de ses habitants, comme c’est écrit : « Si vous gardez mes préceptes et les exécutez … la terre donnera sa récolte et l’arbre des champs ses fruits ! » (Vayikra XXVI, 3). Et l’inverse « si vous n’observez pas mes préceptes … » Comme il est dit : « IL changea … un sol plantureux en une plage de sel, à cause de la méchanceté de ses habitants » (Tehilim CVII, 34). L’abondance des récoltes en Israël dépend uniquement du mérite de ses occupants !

Lors de l’alliance entre les morceaux, l’Eternel avait dit à Abraham : « La quatrième génération reviendra ici, parce qu’alors seulement la perversité de l’Amorréen sera complète » (Beréchit XV, 16). Moché envoya donc les explorateurs vérifier s’il y avait encore des hommes pieux, dont le mérite protégerait les habitants de la terre, ou si leur perversité était maintenant complète. Mais comment le savoir ? Justement en regardant les fruits de la terre ! C’est pourquoi Moché leur demanda : « Tâchez d’emporter des fruits du pays. »

Voyant ces beaux fruits, les explorateurs ont vite conclu que les habitants étaient dignes, et la conquête du pays hypothétique. C’est alors que Calev se leva contre eux : « Ce pays ruisselle de lait et de miel. Ses fruits sont exceptionnels, et ce du fait de notre mérite, car l’Eternel ne veut pas nous donner une terre déserte et abandonnée, mais construite et fertile. Ne craignez pas les gens de ce pays car ils seront notre pâture. Leur ombre les a abandonnés et l’Eternel est avec nous ! » Rachi explique : leur ombre, leurs justes, qui sont déjà morts.

Chabbat Chalom Oumévorakh