Parachat  BEHAALOTEKHA (en Israël)

Parachat  BEHAALOTEKHA (en Israël)

Vers la fin de notre Paracha, la Torah atteste que : « cet homme Moché était fort humble, plus qu’aucun homme qui fût sur la terre » (Bamidbar XII, 3).

Quel fut le sentiment de Moché à l’écriture d’un tel compliment ?  Le sefer Bina léitim (sur Pirké avot) explique que Moché rabbénou se considérait, effectivement, comme inférieur à tout homme. Il n’y aurait donc vu qu’une confirmation, et non pas la louange.

Mais Moché ne se reconnaissait-il vraiment aucune grandeur ? Le seul homme, monté au ciel pour chercher et recevoir toute la Torah, directement de D…, Qui s’adressait à lui « face à face, dans une apparition claire et sans énigme » (id. verset 8), Moché,était-il vraiment, à ses propres yeux, un homme quelconque ?

Le rav Galinski, dans sa réponse, rapporte la Guémara (Sottah) qui déclare qu’avec la mort de Rabbi Yéhouda Hanassi, disparut la modestie. Ce que Rav Yossef conteste, en disant « qu’elle n’est pas disparue, puisque je suis encore là ». Et bien qu’il se soit qualifié de modeste, « pour le jour de Chavouot, Rav Yossef demandait qu’on lui égorge un veau de 3 mois, réputé particulièrement bon, car sans ce jour, du don de la Torah, combien de Yossef se trouveraient au marché et en quoi serait-il, lui, aujourd’hui, différent des autres ? » (Pessahim 68b). Dire qu’il était, ce jour, différent, c’est tout de même, reconnaitre implicitement qu’il s’accordait de l’importance du fait de sa Torah.

Y-a-t-il contradiction entre la modestie affirmée et la qualité reconnue de personnage éminent, comme Moché ou comme rav Yossef ?

Le ‘Hafetz ‘Haïm s’étonne que l’homme riche tire orgueil de sa fortune, alors qu’elle ne se trouve pas dans ses mains, mais dans un coffre ou éparpillée dans des biens immobiliers, et que l’employé de banque qui, tous les jours, manipule de grosses quantités d’argent ne ressent, lui, aucune fierté !  C’est que ce dernier sait que cet argent ne lui appartient pas, qu’il lui a été seulement confié et qu’il devra en rendre compte sur l’utilisation de chaque pièce, de chaque billet.

Le riche doit se dire la même chose, poursuit le ‘Hafetz ‘Haïm, car cet argent, qui lui a été destiné à la naissance (Nidda 16a) et qui lui est donné chaque année (Bétsa 16a), ne dépend pas de son intelligence ni de ses capacités ; c’est un dépôt qui lui est remis pour qu’il puisse, avec, faire la volonté de Son Créateur.

Il rapporte aussi, en illustration, l’exemple de celui qui aurait emprunté, pour acheter de la marchandise. Ce commerçant sait qu’il n’est pas plus riche, pour autant, et que pèse sur lui une grande responsabilité, celle de bien gérer cet argent, pour le rendre dans les meilleures conditions.

« Que le Sage ne se glorifie pas de sa sagesse, le vaillant de sa vaillance et le riche de sa richesse… que celui qui se glorifie se glorifie uniquement de ceci, d’être assez intelligent pour Me comprendre et savoir que Je suis l’Eternel… » (Yérmiyahou IX, 22-23). Le Gaon de Vilna (sur Michlé 31,30) expliquait ce verset, en précisant que la seule chose, dont l’homme peut se glorifier, c’est le fait d’avoir accompli sa mission et d’avoir, avec tout ce qui lui a été donné, sanctifié le Nom divin.

Rav Yossef connaissait ses capacités particulières, et se souciait de les employer pour accomplir, au mieux, la volonté de son Créateur. En affirmant qu’il y avait « beaucoup de Yossef au marché », il veut dire qu’il aurait pu être comme n’importe lequel d’entre eux. Sans la Torah, qui permet à l’homme de s’orienter, il n’aurait pas su comment exercer ses capacités. Il n’était pas orgueilleux, mais se sentait investi d’une plus grande responsabilité, que celle de ses contemporains. Il pouvait donc se considérer moindre que d’autres, qui auraient peut-être pu exploiter le maximum d’eux-mêmes.

Le rav Galinski conclut que Moché rabbénou était préoccupé de ne pas avoir optimisé ses capacités personnelles et considérait tout homme qu’il rencontrait comme plus grand que lui-même. Il honorait particulièrement chaque ben Ysraël qu’il était amené à rencontrer ne sachant pas s’il avait, à son égard, fait le maximum de ce qu’il aurait pu faire. 

Chabbat Chalom Oumévorakh