Parachat BECHALA’H

Parachat BECHALA’H

Lorsque Hakadosh-Baroukh-Hou nous fit sortir d’Egypte, « Il détourna le peuple du côté du désert, vers la Mer Rouge, et les enfants d’Israël partirent ‘hamouchim du pays d’Egypte » (Chémot XIII, 18). Le mot ‘hamouchim, comme nous allons le voir, peut se traduire de différentes manières : en bon ordre, équipés, ou encore armés (Rachi), et nos Sages en donnent diverses explications.

Rachi rapporte également une autre interprétation, (celle de la Mekhilta), ‘hamouchim = un cinquième, du mot ‘hamech = cinq. Ne sont sortis qu’un cinquième du peuple, les quatre cinquièmes sont, malheureusement, morts pendant les trois premiers jours de la plaie des ténèbres, afin qu’on puisse les enterrer discrètement, à l’insu des Egyptiens. Il s’agit des réchaïm, des mécréants, ceux qui se trouvaient bien en Egypte et voulaient y rester, et ceux qui ne croyaient pas en la Délivrance divine.

A cet égard les commentateurs s’étonnent que Datan et Aviram, ne soient pas, eux aussi, morts pendant la plaie des ténèbres ? Sortis d’Egypte, les enfants d’Israël marchèrent trois jours dans le désert, puis D… leur fit faire demi-tour pour tromper le Pharaon et l’amener à les poursuivre jusqu’à la mer rouge. Le stratagème réussit : « Pharaon dit aux enfants d’Israël : ils sont égarés dans ce pays » (Idem XIV, 3). Aux enfants d’Israël ? Mais les survivants étaient tous partis ! Yonathan ben Ouziel dit qu’il s’agit de Datan et Aviram, sortis plus tardivement. Bien que mécréants, Datan et Aviram, d’après le Ramban (Na’hmanide), avaient tout de même une foi intègre en la Délivrance.  

Yonathan ben Ouziel, lui, traduit encore autrement le mot « ‘hamouchim » : chaque Israël est sorti d’Egypte avec cinq enfants. Déjà dans parachat Bo, à propos du verset : « les enfants d’Israël partirent de Ramsès vers Soukkot ; environ six cent mille voyageurs, homme de pied, sans compter les enfants. » (idem XII, 37), il ajoute dans sa traduction, « sans compter les cinqenfants de chacun ». Surprenant ce chiffre de cinq ! Les femmes juives en Egypte n’avaient-elles pas des sextuplés à chaque grossesse ? Les enfants qui naissaient étaient, tous les six, de beaux enfants, robustes et bien portants !

Le Béér Yossef nous donne une magnifique synthèse ! Il rapporte tout d’abord le Talmud Yérouchalmi pour qui ‘hamouchim signifie, certes, « armés », mais armés de Mitsvot. Surprenant ! Car il est dit : « Je t’ai multipliée comme la végétation des champs … mais tu étais nue et dénudée » (Yé’hézkel XVI, 7). A la veille de sortir de l’Egypte, les enfants d’Israël étaient donc sans mérite ; pas de bonnes actions particulières, de nombreuses Mitsvot à leur actif. C’est pourquoi D… leur donna deux mitsvot pour mériter d’être sauvés : le sang du sacrifice pascal et le sang de la Mila (Pirké de Rabbi Eliezer chap. 29). Comment peut-on dire, subitement, qu’ils étaient armés de Mitsvot ? C’est qu’en fait toutes ces interprétations de ‘hamouchim s’accordent ensemble :

Avant l’âge de vingt ans, l’homme n’est pas puni par le tribunal Céleste (cf. Rachi Bamidbar XVI, 27), et donc les quatre cinquièmes des enfants d’Israël, morts en Egypte, étaient, bien évidement, âgés de plus de vingt ans. Ils ont laissé leurs enfants, orphelins, lesquels, eux, sont sortis d’Egypte, sous la tutelle du cinquième, resté vivant, qui les a pris en charge pendant le voyage. Et c’est ce que Yonathan ben Ouziel sous-entend : chacun avait cinq enfants, c’est-à-dire, les enfants de cinq familles, ou encore cinq familles d’enfants à charge. Ce qui leur demanda beaucoup de dévouement, un grand don de soi. C’est ainsi que l’on comprend le Yérouchalmi qui traduit « armés de Mitsvot », animés et équipés, de ce grand Héssed, de ces multiples générosités au quotidien, envers les enfants de leurs frères, les quatre cinquièmes, disparus lors de la plaie des ténèbres.

Chabbat Chalom Oumévorakh