Parachat BAMIDBAR

« Chacun sous sa bannière, d’après les signes de la maison paternelle, ainsi camperont les enfants d’Israël » (Bamidbar II, 2). Le Midrach Rabba rapporte que lorsque l’Eternel s’est dévoilé aux enfants d’Israël au Sinaï, deux cent vingt mille anges l’accompagnaient, placés en groupes et sous des drapeaux (דגלים), comme il est dit dans Chir Hachirim V : « דגול מרבבה  » (entouré d’une myriade d’anges) Cette vision suscita, des enfants d’Israël, la demande à être, eux aussi, rassemblés sous des bannières : « nous allons arborer comme un drapeau (נדגל) le nom de D… » (Téhilim XX, 6). L’Eternel accomplira leur désir en demandant à Moché de les installer par groupe et sous des drapeaux.

ILe Rav Leib Hasman rappelle qu’il n’y a ni jalousie, ni haine, ni rivalité, chez les anges, « tous s’aiment, tous sont purs, tous sont forts, tous sont saints … tous s’autorisent les uns les autres à sanctifier … » (prière du matin). De ce fait, leurs différents groupes résident en parfaite harmonie. Ce qui n’est malheureusement pas le cas chez les hommes, êtres de chair et de sang, chez qui tout rassemblement génère des discordes. C’est pourquoi Moché Rabbénou appréhendait leurs disputes. « Si je dis à la tribu de Yéhouda de camper à l’Est, elle me dira pourquoi pas au Sud ! Et de même pour toutes les autres tribus. Comment faire ? » Les craintes de Moché étaient certes justifiées, mais D… le rassura : « ne t’inquiète pas, ils ont un testament de leur père, qui au moment de sa mort, avait ordonné que ses enfants soient, autour de son cercueil, dans la position qui sera la leur dans le désert ». Grande est la force de la discorde, et si les enfants d’Israël n’avaient pas reçu ce testament de leur père, ils auraient été amenés, par jalousie, à se quereller.

Ce Midrach révèle aussi les aspirations profondes du peuple. Bien que les  דגלים(ces étendards) étaient l’apanage des anges, les enfants d’Israël désiraient accéder, eux aussi, à un tel niveau d’unité et de grandeur. Mais l’homme peut-il se comparer aux anges ?

Le rav Yéhézkel Lévinchtein zatsal explique que cette question vient du fait que nous ne savons pas apprécier la grandeur de l’homme, celle de son âme. Lorsqu’on intègre que l’homme a été créé à l’image de D…, que nous sommes appelés Ses enfants, que notre âme est une partie du divin, on ne se suffit plus de petites choses et nos aspirations s’élèvent jusqu’à vouloir atteindre le niveau des anges. C’est ce que nous retrouvons au mont Sinaï où les enfants d’Israël demandèrent : « nous voulons voir notre Roi » (Rachi). C’est aussi dans ce sens que l’on doit comprendre les paroles du Hovot Halévavot (Chaar kénia 2) que la grandeur de son âme amène l’homme à ressentir une gêne, voire de la honte, lorsqu’il est face au besoin animal de manger ou de boire.

L’homme dont les aspirations sont restreintes ne recevra pas plus que sa  demande, car il néglige la partie divine de son âme. C’est pour cela que seul un cinquième du peuple est sorti d’Egypte, laissant les autres, qui se satisfaisaient du « poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons, et de l’ail » (Bamidbar XI, 5). Ilsn’ont pas mérité la délivrance.

Par contre dans parachat Béhalotekha (IX, 7) lorsque les hommes en état d’impureté, qui ne pouvaient apporter le sacrifice de Pessah réclamèrent : « pourquoi serions-nous privés d’offrir le sacrifice du Seigneur en son temps ? » L’Eternel rajouta pour eux Pessah cheni (un mois plus tard) fête qui n’avait pas encore été ordonnée aux enfants d’Israël. Et c’est parce qu’ils ont cherché à accomplir cette mitsva, avec l’élévation spirituelle qu’elle apporte que D… leur accorda la possibilité d’un nouveau sacrifice.

L’Eternel vient en aide à l’homme qui cherche à s’élever spirituellement et l’amènera au but recherché.

Chabbat Chalom Oumévorakh