Chavouot

Chavouot

Nous avons chanté, le soir de Pessah, au Séder : « S’Il nous avait amenés jusqu’au mont Sinaï, sans nous donner (par  la suite) la Torah, Dayénou ! Cela nous aurait suffi!» Mais quel serait l’intérêt d’arriver au mont  Sinaï sans y recevoir la Tora? Peut-être, tout simplement, que le mont Sinaï, n’est pas ici tout juste un point géographique, mais une allusion au travail spirituel réalisé par les enfants d’Israël pour  mériter le don de la Torah.

        Le Rabbi Lévi Ytshak de Barditchov zatsal nous donne une explication originale. Nos Sages nous enseignent que nos ancêtres, Abraham Itzhak et Yaakov,  ont accompli la Torah et ses commandements, avant même de l’avoir reçue (Yoma 28b). Mais comment ont-ils pu connaître la Torah s’ils ne l’avaient pas reçue? La même question peut se poser sur le fameux « Naassé Vénichma » (nous ferons et nous entendrons), comment peut-on accomplir un commandement avant de l’avoir entendu ? La Guémara (Maccot 23b) nous enseigne que les mitsvots correspondent à l’âme qui pénètre le corps de l’homme: nous avons ainsi 248 commandements  positifs en regard de nos 248 membres (détaillés dans la Michna Ahalot ch 1) et 365 commandements négatifs face aux 365 tendons du corps humain. Chaque Mitsva a donc sa correspondance dans le corps de l’homme. De même que l’homme devine les besoins matériels de son corps, sans qu’on ne les lui enseigne, de même celui qui réussit à s’élever et à percevoir le côté spirituel de son corps, pourra deviner les besoins de son âme et accomplir les Mitsvot qui vont la nourrir.

         C’est ce degré que nos Patriarches ont atteint, et qui leur a permis de  « deviner » toutes les Mitsvot de la Torah. Arrivés au mont Sinaï, après cinquante jours de préparation, les enfants d’Israël avaient eux aussi atteint le niveau de comprendre la Torah par eux-mêmes. C’est pourquoi si Hachem ne nous avait pas donné la Torah, leurs efforts n’auraient pas été vains, ils auraient pu accomplir les commandements à l’image des Patriarches.

         De cette façon, poursuit le Barditchov Rébbé, on pourra répondre à la fameuse question des Tossafots ( Chabbat 88b). Pourquoi, arrivés au mont Sinaï, Hachem renversa la montagne au-dessus de leur tête en les menaçant ? « Si vous n’acceptez pas la Torah, ici sera votre tombe! ».  Les enfants d’Israël, qui d’une seule voix s’étaient écriés « Naassé Vénichma », avaient-ils besoin d’être forcés ? C’est que le « Naassé Vénichma » correspond  à la période où les juifs se sentaient  forts, et proches de leur Créateur, à un degré d’élévation spirituelle où l’homme peut deviner  par lui-même la Torah, et l’accomplir avant même d’apprendre, et de comprendre. Cependant  l’homme ne peut pas toujours se maintenir à cette hauteur. Il y a parfois des moments de faiblesse spirituelle. Les enfants d’Israël auraient alors pu arguer qu’ils ne sentaient pas obligés de tenir leurs engagements. C’est  pour cela, que D… renversa la montagne, et les menaça, afin que dans toutes situations, nous soyons toujours tenus par le même engagement.  

Chabbat Chalom et ‘Hag Saméa’h