Paracha BO
« Pharaon manda Moché, après la plaie des ténèbres, pour lui dire : Partez, allez servir l’Eternel ; seulement, que votre menu et gros bétail demeurent, mais vos enfants peuvent vous suivre » (Chémot X, 24).
Mais lorsque Moché était venu l’avertir, avant la plaie des sauterelles, Pharaon lui avait dit : « Allez servir l’Eternel votre D… quels sont ceux qui iront ? Moché répondit : Nous irons … avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos bœufs, car nous avons à fêter l’Eternel. » Le roi avait alors répliqué : « Ainsi soit l’Eternel avec vous, comme je compte vous laisser partir avec vos enfants ! (…) Non pas ! Allez, je vous prie, vous les hommes, et servez l’Eternel, puisque c’est là ce que vous désirez. » (Id. X, 8-11).
Au début, le Pharaon avait refusé le départ des enfants, mais autorisé les adultes à emmener les bêtes (pour les sacrifices), et voilà maintenant qu’il autorise les enfants à partir à condition que le bétail demeure. Comment comprendre ce revirement ?
L’auteur du Ech Tamid nous explique que Pharaon a refusé son autorisation aux enfants parce que ce n’est pas l’habitude des enfants d’offrir les sacrifices. Mais lorsque Moché insiste, Pharaon se dit alors qu’il s’agit plutôt d’un grand rassemblement, « car nous avons à fêter l’Eternel » (avait dit Moché). Le rav Yonathan Eybéchitz, zatsal, précise « une fête pour l’Eternel », pour dévoiler et faire connaître Son unité et Sa Torah, comme le rassemblement de « Hakel » (Dévarim XXXI, 12), où le roi d’Israël lisait la Torah, en présence des hommes, des femmes et des enfants réunis. Et pour ce faire les sacrifices ne sont pas essentiels, et Pharaon consent alors que les enfants partent mais que les bêtes restent.
Moché lui répondit : « Notre bétail partira aussi avec nous, (…) or nous ne saurons de quoi Lui faire hommage que lorsque nous serons arrivés » (verset 26). Il ne s’agirait peut-être que d’un rassemblement ou alors de sacrifices, nous devons donc prendre nos enfants et notre bétail ! C’est d’ailleurs ce qui se passa au mont Sinaï, c’était un jour de rassemblement comme dit le verset « le jour de la réunion au pied du mont Sinaï » (Dévarim X, 10- XI, 4), et de sacrifices comme il est dit : « Il chargea les jeunes gens d’Israël d’offrir des holocaustes (Ola) … et des sacrifices (Chélamim) » (Chémot XXIV, 5).
Pharaon fit valoir l’objection : « Si vraiment vous vouliez faire des sacrifices pourquoi ne pas les avoir faits en Egypte, pendant la plaie des ténèbres ? » Moché lui avait répondu : « Il ne convient pas d’agir ainsi, car c’est le dieu de l’Egypte que nous devons immoler à l’Eternel notre D… Or nous immolerions le dieu des Egyptiens, sous leurs yeux et ils ne nous lapideraient point ! » (Id. VIII, 22). Mais pendant la plaie des ténèbres « on ne se voyait pas l’un l’autre, nul ne se leva de sa place durant trois jours ; mais tous les enfants d’Israël jouissaient de la lumière dans leurs demeures » (X, 23).
Le moment était idéal pour offrir des sacrifices en Egypte. S’ils n’ont pas profité de cette occasion se disait Pharaon, c’est qu’ils ne veulent pas de sacrifices, le bétail peut donc rester en Egypte. C’est pourquoi Moché lui dit : « Toi-même tu nous donneras des sacrifices et des holocaustes pour les offrir à l’Eternel notre D…, c’est pourquoi nous avons dû attendre la fin de cette plaie. »
Chabbat Chalom Oumévorakh