POURIM

POURIM

La raison du nom de Pourim donné à cette fête est explicite dans la Méguila de Esther : « C’est pourquoi on appela ces jours-là Pourim du nom du tirage au sort » (Esther IX, 26)

Le rav Haïm Fridlander, zatsal, s’étonne, parce que le tirage au sort n’est qu’un détail dans cette histoire : question de choisir Le Jour pour appliquer le décret de Hamann et d’A’hachvéroch. N’étant pas l’essence même de la fête, pourquoi en serait-il la référence ? De plus le mot Pourim est un pluriel, il n’y eut pourtant qu’un seul tirage au sort !

Généralement, les décisions prises par l’homme sont fonction de son vouloir et de sa compréhension des événements qui se présentent à lui. Il peut arriver qu’il hésite, qu’il ait du mal à s’engager, il fera éventuellement appel au tirage au sort qui décidera pour lui. Ce dernier est-il le fruit du hasard ou l’indication venue du Ciel quant à la conduite à tenir ?

On trouve dans la Torah, un tirage au sort, le jour de Kippour, pour désigner le bouc qui sera sacrifié, et celui qui sera jeté du haut de la falaise, pour « Azazel ». Egalement, c’est par tirage au sort, le « Goral » utilisé par Yéhochoua, que s’est fait le partage de la Terre d’Israël.

        On peut donc voir là une indication venue du Ciel. C’est Hachem qui indique et décide pour l’homme, dans le cas des deux boucs, comme dans celui de la terre. Par contre le non-croyant ne voit, lui, dans le résultat du tirage au sort que le fruit du hasard. C’est le Hasard (le Mikré) qui aura tranché pour lui, sans qu’il en soit responsable. Le tirage au sort de Hamman  fait partie de cette deuxième catégorie.

« Et Mordékhaï lui fit part de tout ce qui lui était advenu (Karahou) » (idem IV, 7). Le midrach Rabba (8, 5) explique que Mordékhaï demanda à Hatakh de dire à Esther que le petit-fils de Karahou est venu contre nous. « Karahou » n’est autre que Amalek, comme il est dit : « Il t’a surpris (karekha) chemin faisant » (Dévarim XXV, 18). Le mikré (le hasard) c’est Amalek, qui n’a rien vu d’autre, dans les miracles de la sortie d’Egypte et dans la traversée de la mer, que des phénomènes « naturels » inhabituels. Il n’a pas vu la main de D… !

Hamann a eu cette même type d’attitude. Le jour où il vient demander au roi de pendre Mordékhaï, il se voit ordonné de promener celui-ci, monté sur le cheval du Roi, dans toutes les rues de Chouchann et de proclamer sa grandeur. Quand il le racontera à sa femme, il parle « ce qui lui est arrivé (acher karahou) »  (idem VI, 12). Ilne voit que le fait du hasard !Le tirage au sort est tombé dans le mois de Adar, mois propice aux enfants d’Israël et néfaste pour Hamman. La potence qu’il avait préparée contre Mordékhaï va servir pour le pendre lui et ses fils.

La Méguila vient nous montrer les deux aspects du tirage au sort, les deux manières de voir et d’interpréter ce qui se déroule devant nos yeux : l’intervention permanente de la Providence divine, ou la rencontre fortuite de forces naturelles dont les causes sont totalement indépendantes. C’est donc bien l’essentiel de Pourim, de voir la main de D… dans tous les événements de la vie et c’est pour cela que cette fête porte ce nom.  

Pourim Saméa’h et Chabbat Chalom