SOUKKOT

SOUKKOT

               Le Réma (Choul’hane Aroukh Ora’h ‘Haïm 667, 1) rapporte au nom du Col-Bo que le rav Mordékhaï avait l’habitude, à la fin de la fête de Soukkot, au sortir de sa soukkah, de dire : « Yéhi Ratson (que ce soit Sa volonté) que l’on ait le mérite l’année prochaine, d’être assis dans la soukkah, faite de la peau du Léviyathan » (animal marin fabuleux, qui sera offert en repas d’exception aux Tsadikim, dans le monde futur).

C’est aussi signalé dans le Midrach (Yalkout Chimoni : Vayikra 23) : « Tout celui qui accomplit la mitsva de soukkah dans ce monde-ci méritera, dans le monde futur, d’être assis dans la soukkah du Léviyathan. » Récompense suprême, promise et normalement réservée aux Tsadikim (Baba Batra 75a). Et voilà que tout un chacun pourrait en bénéficier ?

Le rav Yaakov Galinski zatsal rapporte à ce sujet, la guémara (Baba Métsia 114 a), qui raconte que Rabba bar Avoha rencontra, un jour, Eliyahou Hanavi, à l’intérieur d’un cimetière non-juif. Il le questionna immédiatement sur différents points de Halakha et termina par lui demander comment avait-il pu entrer dans ce cimetière ? Puisque « Eliyahou c’est Pinhas », le petit fils de Aaron, or un cohen ne peut se rendre impur, de l’impureté des morts.

Eliyahou lui répondit, étonné que Rabba ne connaisse pas le traité  de michna Taharot, où il est marqué explicitement (au nom de rabbi Chimon Bar Yohaï) que le cohen peut se rendre dans un cimetière non-juif. Rabba lui expliqua qu’il avait déjà eu du mal à étudier les quatre premiers Ordres de la Michna, vu son extrême pauvreté. Eliyahou Hanavi le prit et le fit monter au gan Eden. Il lui proposa d’ôter son talith et de l’utiliser pour ramasser toutes les feuilles qu’il pouvait y trouver. Une voix du Ciel se fit alors entendre, qui proclama : « Qui, comme Rabba bar Avoha, mange déjà sa part du monde futur ? » Il jeta alors toutes les feuilles cueillies. Toutefois son talith était resté imprégné d’une si bonne odeur qu’il put le vendre, par la suite, pour douze mille dinars, qu’il s’empressa de distribuer à ses gendres.

Dans différents Midrachim, il est rapporté cette possibilité, octroyée à Eliyahou Hanavi, de pouvoir enrichir tout un chacun. Certes, la conduite de Rabba est remarquable puisqu’il ne s’était intéressé, d’abord, qu’aux questions halakhiques, et ce n’est que secondairement qu’il vint à déplorer sa pauvreté. Mais pourquoi Eliyahou l’a-t-il fait monter au gan Eden. Que voulait-il lui enseigner ?

Le rav Galinski nous explique que Rabba ne se lamentait pas sur sa situation, car comme dit rabbénou Yona (Chaaré Téchouva ch 2, 26) : « les soucis de ce monde ne s’arrêtent jamais ». « L’homme est né pour le labeur » (Iyob V, 7) et lorsqu’il échappe à une première difficulté, c’est pour en rencontrer rapidement une autre !    

Eliyahou Hanavi voulait lui enseigner comment arriver à surmonter les épreuves. Il l’a amené au Gan Eden pour lui montrer la récompense promise aux Tsadikim. Non seulement les fruits, mais même les feuilles détachées des arbres, y dégagent un parfum exceptionnel. D’ailleurs le Talith imprégné de leur odeur s’est arraché dans ce monde-ci, à prix d’or. C’est ce que Rabba a compris de son expérience au Ciel et qu’il partagea avec ses gendres et les générations suivantes.  

               Nos Sages nous enseignent à propos de la soukkah. « Pourquoi faisons-nous une soukkah après le Jour de Kippour ? Parce que si les enfants d’Israël étaient condamnés à l’exil, ce jour-là, sortis de leur habitation les jours suivants, pour cette frêle habitation provisoire, cette soukkah, petit lieu d’exil, D… les considèrera comme expatriés de la terre d’Israël vers Babel » (Yalkout Chimoni 653). Celui qui comprend que ce monde-ci est provisoire, qu’il n’est que l’antichambre du monde futur, où il pourrait être attendu dans la soukkah du Léviyathan, trouvera toutes les forces et les encouragements nécessaires pour surmonter toutes les épreuves.

Tizkou Léchanim Rabbot et ‘Hag Saméa’h