Parachat YTHRO
« Yithro prêtre de Midyan, beau père de Moché, apprit tout ce que D… avait fait pour Moché, et pour Israël Son peuple, car l’Eternel avait fait sortir Israël d’Egypte » (Chémot XVIII, 1). « Tout ce que D… avait fait », c’est-à-dire le détail des plaies, et des miracles, et particulièrement, relève Rachi : les miracles de la traversée de la Mer Rouge et la guerre contre Amalek.
Pour quelle raison principale, D… a-t-Il infligé à l’Egypte toutes ces plaies et a-t-Il accompli tous ces miracles ? Le Alchikh Hakadoch, dans la paracha précédente, propose deux explications plausibles :
1) L’Eternel aurait agi par amour pour Ses enfants, en raison des souffrances qu’ils ont endurées, pour ce peuple d’Israël, appelé « le premier né de Mes fils » (Id. IV, 22). Et donc, Son intention était de punir fortement les égyptiens, qui en étaient les responsables.
2) Mais on peut aussi dire que ce n’était pas par amour pour Son peuple, mais plutôt du fait de la réaction insolente du Pharaon qui avait dit: « quel est l’Eternel dont je dois écouter la parole en renvoyant Israël? » (Id. V, 2). Et pour cela le Pharaon et tout son peuple méritaient d’être punis.
Cette question était le dilemme du Pharaon, nous dit le Alchikh. C’est pourquoi le Pharaon s’exclamera : « les enfants d’Israël sont égarés dans ce pays ; le désert les a emprisonnés » (Id. XIV, 3), une façon d’affirmer que D… ne l’a pas puni à cause d’eux, qu’Il ne les chérit pas tant que ça, autrement, Il ne les aurait pas laissés se perdre dans le désert. Et c’est ce qui l’encourage, à faire immédiatement « atteler son char, emmenant son peuple avec lui (…) à la poursuite des enfants d’Israël » (XIV, 6).
Mais arrivés devant la mer des joncs, ils voient qu’elle s’est ouverte pour eux, et qu’ils l’ont traversée à pied sec. « L’Eternel fit peser sur l’armée égyptienne une colonne de feu et de nuée, et perturba le camp des égyptiens », c’est alors que « l’Egypte s’écria : fuyons devant Israël car l’Eternel combat pour eux contre l’Egypte » (XIV, 24, 25). Contre l’Egypte, (Bémitsraïm) peut se traduire aussi « en Egypte » ; maintenant Pharaon reconnait son erreur : même en Egypte, c’est par amour pour Son peuple, que l’Eternel est intervenu.
On comprend à présent les premiers versets de notre paracha, et les précisions de Rachi. Yithro a « entendu » la traversée de la mer, pourquoi particulièrement ce miracle plutôt que les circonstances de la sortie d’Egypte ? C’est poursuit le Alchikh, justement par la traversée de la mer, que l’on vit l’amour que portait l’Eternel aux enfants d’Israël, et c’est ce qui détermine Yithro à rejoindre le peuple élu de D… et à se convertir.
Mais on aurait encore pu douter, et attribuer les miracles au mérite de Moché Rabbénou, et rapporter à sa seule personne, la délivrance de tout le peuple, sorti d’Egypte, d’autant que la Torah le distingue en disant : « ce que D… avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple ». Mais la fin du verset explique la distinction : « a fait sortir Israël de l’Egypte ! ». Israël seul, et pas Moché. C’est que n’ayant pas été soumis à l’esclavage, Moché lui, était moins concerné par la délivrance, et la liberté, liées à la sortie d’Egypte.
Quoi qu’il en soit, le verset précise : « Yithro … apprit tout ce que D… avait fait pour Moché, et pour Israël Son peuple, lorsque l’Eternel avait fait sortir Israël de l’Egypte ». Moché lui-même « raconta à son beau père tout ce que l’Eternel avait fait à Pharaon et à l’Egypte à cause d’Israël » (Id. XVIII, 8). Il tenait à lui préciser que tout n’avait été fait que « à cause d’Israël », par amour pour Son peuple.