Parachat Vaéra

Parachat Vaéra

« J’ai entendu le gémissement des enfants d’Israël que les Egyptiens asservissent … C’est pourquoi dit aux enfants d’Israël : … Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Egypte et Je vous délivreraide leur servitude … Je vous amènerai dans la terre que J’ai solennellement promise à Abraham. » (Chémot VI, 5-8)

 Dans parachat Chémot, l’Eternel avait déjà demandé à Moché de dire aux anciens d’Israël qu’Il les ferait monter de l’Egypte vers la terre de Canaan, contrée ruisselante de lait et de miel.

Le rav Haïm Fridlander,zatsal, (Sifté Haïm Chémot) s’interroge sur l’importance d’annoncer aux enfants d’Israël, oppressés dans l’esclavage, qu’ils entreront en terre promise. Leur préoccupation du moment n’allait certainement pas au-delà du simple espoir de se retrouver libres. Etait il aussi nécessaire de préciser, à ce moment, que cette terre ruisselle de lait et de miel ? 

Davantage encore surprenante la promesse, dictée par D… à Moché, que : « Chaque femme demandera à sa voisine, à l’habitante de sa maison, des vases d’argent, des vases d’or, des parures ; vous en couvrirez vos fils et vos filles et vous dépouillerez l’Egypte » (Id.III,22). Et au moment de sortir Moché supplia les enfants d’Israël d’emporter avec eux les richesses de l’Egypte, pour accomplir la promesse faite à Abraham. Si les enfants d’Israël ne cherchaient alors qu’à sortir au plus vite, sans rien emporter, à plus forte raison qu’encore esclaves ils n’y pensèrent même pas.

Le Saba de Kélém s’étonne aussi sur l’ordre du « dévoilement » de Moché. Il se présenta tout d’abord chez les enfants d’Israël, « et Aharon dit toutes les paroles que l’Eternel avait adressées à Moché et il fit les prodiges à la vue du peuple. Et le peuple y eut foi… » (Id. IV, 30-31). Et ce n’est qu’ensuite que Moché et Aharon se rendirent chez Pharaon. Le Midrach (Yalkout Chimoni 176) raconte l’étonnement du Pharaon et de sa cour, voyant arriver Moché et Aharon, accompagnés des lions aussi dociles que des moutons, alors que ces lions étaient censés garder l’entrée du palais royal et empêcher toute intrusion. Ce moment apporta un grand soulagement aux enfants d’Israël, car pour la première fois deux Hébreux avaient autorité sur Pharaon, qui était jusque-là l’homme invincible, l’homme le plus puissant de son époque.

Le Saba de Kélém répond que c’est justement par la force de la Emouna des enfants d’Israël que Moché et Aharon purent se rendre ainsi chez Pharaon. Il fallait donc que « le peuple y eut foi » pour que les lions de Pharaon s’agenouillent devant Moché. Le rav Fridlander explique, de façon similaire, que les Hébreux ne méritèrent la Guéoula (la délivrance) que par le mérite de la Emouna, de la foi en D… qui leur donnera la Torah et qui les amènera en terre d’Israël. Ainsi Moché leur mentionna toutes les promesses de l’Eternel, les miracles et les richesses de la sortie d’Egypte, afin de réveiller en eux une foi parfaite.

C’est aussi ce que le Sforno explique sur le verset: « Je vous introduirai dans la contrée que J’ai solennellement promise à Abraham» (Id.VI, 8). Si vous avez confiance en Moi, vous serez alors méritants d’entrer en terre d’Israël et de l’hériter.   

Toutefois les enfants d’Israël n’ont pas pu atteindre le niveau souhaité comme il est dit : « Mais ils ne l’écoutèrent point, ayant l’esprit oppressé par une dure servitude » (Id.VI, 9). Et c’est pourquoi termine le Sforno que la terre ne sera donnée qu’à leurs enfants, et non pas à eux, n’ayant pas accédés au plus haut niveau de Emouna.

Car l’héritage de la terre d’Israël, à propos de laquelle il est dit : « Un pays sur lequel veille l’Eternel, ton D…, et qui est constamment sous l’œil du Seigneur » (Dévarim XI, 12), ne peut être reçu que par le mérite d’une Emouna parfaite.

Chabbat Chalom Oumévorakh