Parachat Ki Tavo
La Guémara Méguila (31, b) nous apprend que c’est Ezra HaSofer qui a institué la lecture des remontrances : celles de la paracha Bé’houkotaï avant la fête de Chavouot et celles de la paracha Ki Tavo avant la nouvelle année. Avant Roch Hachana, afin que l’année écoulée s’achève avec ses malédictions (et que la nouvelle année ne s’ouvre qu’avec ses bénédictions).
Notre Paracha de la semaine Ki Tavo comporte quatre-vingt-dix-huit malédictions ! Certes, soumises à condition : « si tu n’écoutes pas la voix de l’Eternel, si tu n’as pas soin d’observer tous ses préceptes et ses lois que je te recommande en ce jour… » (Dévarim XXVIII,15).
Mais curieusement, après avoir mentionné ces malédictions et leurs « conditions de survenue », la Torah ajoute : « parce que tu n’auras pas servi l’Eternel ton D… avec joie, et contentement de cœur, au sein de l’abondance » (idem XXVIII, 47).
Autrement dit, quand bien même un homme aurait accompli la volonté de son Créateur et suivi le chemin de la Torah, s’il ne l’a pas fait joyeusement, avec gaieté de cœur, alors qu’il est dans le bien être, l’abondance, ses bonnes actions ne pourront prévenir les malédictions. Bien plus, cette absence d’allégresse pourrait en être la cause. C’est dire l’importance fondamentale de la joie dans l’accomplissement des Mitsvot.
Rabbi Yaacov dans Kidouchin (39, b) énonce : « la récompense des Mitsvot n’est pas dans ce monde-ci » – mais pour l’autre monde. Cependant précise le Rambam la joie qui accompagne leur réalisation permettra à l’homme de jouir déjà de ses fruits dans ce monde-ci. Le Arizal a confié, que grâce à la joie qu’il éprouvait dans la réalisation des mitsvot, il a pu ainsi atteindre de hauts niveaux spirituels.
C’est que la joie manifestée dans l’accomplissement d’une Mitsva témoigne de l’importance qu’on lui accorde ; elle est la preuve que cet homme sait apprécier la valeur de la mitsva à sa juste mesure. Comme dit le Yalkout Chimoni (ref.854 sur Téhilim) : « lorsque tu pries, ton cœur doit se remplir de joie, car tu es devant D… qui n’a pas de pareil ». Si l’homme n’est pas réjoui, c’est qu’il n’est pas conscient de la grandeur de Celui, devant qui, il se trouve.
Le Rav Pinkous zatsal le compare à celui qui aurait trouvé une bourse pleine d’argent, si la joie ne rayonne pas sur son visage, c’est la preuve qu’il ne sait pas encore ce qu’elle contient. Il en est de même des Mitsvot, lorsque l’homme ne les accomplit pas joyeusement, c’est qu’il ne reconnaît pas leur valeur, il ne pourrait avoir de mérite pour les avoir accomplies.
Au début de notre paracha, à propos du verset qui dit : « tu te réjouiras de tout le bien que l’Eternel ton D… t’aura donné à toi et à ta famille » (idem XXVI, 11), le Or Ha’haïm explique que « le bien » mentionné dans ce passouk fait allusion à la Torah ! Comme il est dit par ailleurs : « il n’y a de bien que la Torah » (Avot 6, 3).
Il importe donc de s’en convaincre, d’en mesurer l’importance, et de s’en réjouir. On pourra, de cette manière, arriver à ressentir la douceur de la Torah, à en apprécier la saveur particulière, et à en prendre tout le plaisir. Alors, tout l’or et tout l’argent du monde n’aura que peu d’importance à nos yeux, occupés à la rechercher ardemment jusqu’à plus soif, et à s’en réjouir continuellement.
Chabbat Chalom Oumévorakh