Parachat Ki Tavo
« Et quand vous serez arrivés au-delà du Jourdain, dans le pays que l’Eternel ton D… t’accorde, tu érigeras pour toi de grandes pierres, et les enduiras de chaux ; tu y écriras toutes les paroles de cette Torah (…) Donc après avoir passé le Jourdain vous dresserez ces pierres comme Je vous l’ordonne aujourd’hui, sur le Mont Ebal, et tu les enduiras de chaux. Tu bâtiras là un autel destiné à l’Eternel ton D…, un autel de pierres (…) tu y feras des sacrifices (…) Et tu écriras sur les pierres les paroles de cette Loi, très distinctement. » (Dévarim XXVII, 2-8)
Rachi explique, d’après nos sages (Sotta 35b), qu’il y avait trois sortes de pierres. Les premières « de grandes pierres (…) au passage du Jourdain », lorsqu’ils le traversèrent à pied sec. Les secondes, « lorsque vous aurez passé le Jourdain, vous dresserez ces pierres » desquelles « tu érigeras un autel … sur le Mont Ebal ». Enfin, encore « douze pierres qu’ils avaient prises du Jourdain, c’est à Guilgal que Yéhochoua les érigea. » (Yéhochoua IV, 20). Ces dernières étaient celles de l’autel du Mont Ebal, qu’ils amenèrent à Guilgal (Rachi). Ils ont donc dressé trois fois des pierres (à ces trois endroits).
Moché rabbénou avait, lui aussi, écrit la Torah sur douze pierres dans les plaines de Moav (Dévarim I, 5), mais celles-ci ne sont pas mentionnées par Rachi, car c’était avant d’entrer en terre d’Israël (Maharal de Prague).
A quoi ces pierres font-elles allusion ? Et pourquoi étaient-elles si importantes ?
Le Maharcha répond (Sotta 35b), d’après le Baal Haïkarim, qu’il existe trois principes fondamentaux dans la Torah. Le Rambam, lui, énumère treize articles de foi (que l’on retrouve dans le fameux Yigdal Elokim Haï, chanté dans de nombreuses communautés le vendredi soir). Le Baal Haïkarim les réunit dans les trois fondements suivants : – La Torah qui a été donnée du Ciel. – L’existence de l’Eternel, lequel renouvelle Son monde constamment. – Les sanctions de récompense et de punition.
Ainsi explique le Maharcha, chaque monument de pierres fait allusion à un fondement. Les premières érigées par Moché dans les plaines de Moav font référence à la Torah qui fut donnée au Ciel à Moché lui-même. Il écrira sur ces pierres toute la Torah (Sotta idem). Celles du Jourdain rappellent l’existence de D… et l’intervention de la Providence divine dans Son monde, comme lors de la traversée du Jourdain, lorsque l’Eternel arrêta les eaux du fleuve qui coulaient en amont et les immobilisa en un mur. Enfin celles de Guilgal font allusion aux punitions et aux récompenses, puisque ce sont celles du mont Ebal où les bénédictions furent prononcées, suivies des malédictions au Mont Guérizim.
A Roch Hachana dans la prière de Moussaf, nous récitons les Malkouyot (royauté Divine), les Zikhronot (les rappels de souvenirs) et les Choffarot (les versets mentionnant le choffar au moment du don de la Torah). Là aussi explique le Maharcha (Roch Hachana 32a), nous retrouvons ces trois principes fondamentaux. Malkhoyot, l’existence de l’Eternel, Zikhronot, la récompense et la punition, et les Choffarot qui rappellent le don de la Torah au Mont Sinaï.
A ces trois endroits, où les pierres furent érigées, l’Eternel scella une alliance avec les enfants d’Israël sur ces trois points, points essentiels de la Emouna.
Nos sages (Sotta idem) rapportent aussi que la Torah écrites sur ces pierres étaient disponible à toutes les nations, écrite en soixante dix langues, afin de permettre à quiconque le souhaiterait d’apprendre et d’étudier, et aussi pour que les nations n’aient pas de prétexte à dire que la Torah ne leur a pas été proposée.
Chabbat Chalom Oumévorakh