Parachat Ki Tavo

Parachat Ki Tavo

Notre paracha débute parces versets: « Lorsque tu seras arrivé dans le pays, que l’Eternel ton D… te donne en héritage, (…) tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre » (Dévarim XXVI, 1-2), et précise plus loin : « En ce jour l’Eternel, ton D… te recommande d’accomplir ces lois et ces préceptes » (Id. XXVI, 16).    

« En ce jour » ! Le Midrach Tanhouma va établir un lien de correspondance avec le verset : (Téhilim XCV, 6) « Venez ! Nous voulons nous prosterner, nous incliner, ployer les genoux devant l’Eternel, notre Créateur. Pourquoi la répétition de ces trois mots synonymes ? Parce que Moché a eu la vision prophétique de la destruction du Temple, et qu’un jour les enfants d’Israël ne pourront plus apporter les prémices. C’est pourquoi il décida d’instaurer, en remplacement, les trois prières quotidiennes (qui seraient donc « la continuation » de la mitsva des prémices)Assurément, la prière est importante et très chère aux yeux de l’Eternel, plus encore que les offrandes et les mitsvot. » Reste que son lien avec les prémices interpelle.

Le Rav Haïm Fridlander, zatsal, souligne que dans notre paracha, il est écrit treize fois les mots « en ce jour », et parfois même à propos d’événements survenus bien antérieurement. « En ce jour l’Eternel, ton D… te recommande d’exécuter ces diverses lois et statuts » (id. XXVI, 16), et Rachi d’expliquer : « qu’ils te paraissent nouveaux chaque jour, comme si tu venais de les recevoir ». Autre exemple : « En ce jour tu es devenu le peuple de l’Eternel, ton D… » (XXVII, 9), comme si tu étais entré aujourd’hui avec Lui dans l’alliance, (Bérakhot 63b).  

Le Rav nous rappelle l’importance de ressentir quotidiennement ce renouvellement : « Lorsque l’Eternel t’aura installé dans ce pays  (…) aux villes grandes et belles que tu n’auras pas bâties (…) abondantes en biens (…) en vignes et en oliviers que tu n’as point plantés (…) garde-toi d’oublier l’Eternel qui t’as tiré du pays d’Egypte » (Dévarim VI, 10-12). Pourquoi cette recommandation ? Est-ce que l’homme pourrait oublier de si grands bienfaits ?

Hélas, oui, lorsque « Yéchouroun (Israël) est engraissé, il regimbe, il est trop gras, trop replet, trop bien nourri, il abandonne le Seigneur qui l’a créé et il méprise son Rocher » (Id. XXXII, 15). C’est pourquoi la recommandation est insistante : « L’Eternel ton D… te conduit dans un pays fortuné (…) garde-toi d’oublier le Seigneur (…) peut-être jouissant d’une nourriture abondante, bâtissant de belles maisons (…) ton cœur s’enorgueillira-t-il et tu oublieras l’Eternel… » (Id. XIII, 7-13).

Toutes ces bontés, dont nous a gratifiées le Seigneur, doivent nous mener à Le reconnaître, à Le remercier et à Lui obéir, alors que le mauvais penchant s’emploie à nous écarter de ce chemin, pour nous enorgueillir de notre présumée réussite. C’est pourquoi l’insistance de la Torah, pour que l’homme se présente lui-même au Temple, avec les prémices de ses fruits, et rappelle les bienfaits de son Créateur, comme s’il était entré le jour même en terre d’Israël. Il devra lire tout un texte qui rappelle les difficultés qui ont fait descendre Yaacov en Egypte, et les vicissitudes du peuple jusqu’à son entrée en Terre promise.   

Et c’est tout le but de la prière : reconnaitre que tout nous vient d’Hachem, qui désire l’expression de notre reconnaissance. Ne pas penser « c’est ma  force et la puissance de ma main qui m’ont fait acquérir ces richesses ». Sachant que tout vient de Lui, nous le remercions trois fois par jour, dans la prière, car Lui, seul, veille à tous nos besoins.

Chabbat Chalom Oumévorakh