PARACHAT DEVARIM

PARACHAT DEVARIM

« Voici les paroles que Moché adressa à tout Israël en deçà du Jourdain » (Dévarim I, 1). Il s’agit de paroles de remontrance, des remontrances que Moché, peu avant sa mort, va faire aux enfants d’Israël, mais par allusions « pour ménager leur honneur » (Rachi Id., 1).

Moché s’adressa à tout Israël, et Rachi poursuit : « S’il n’en avait réprimandé qu’une partie, ceux, restés dans la rue, auraient ergoté : vous avez entendu, vous, ce qu’a dit le fils d’Amram et vous n’avez rien trouvé à répliquer ! Nous, si nous avions été présents, nous lui aurions répondu ! Aussi les a-t-il tous réunis, pour pouvoir leur dire : Vous êtes tous ici présents ! Tout celui qui a une objection, qu’il l’émette ! » 

Le rav Moché Feinchein zatsal, s’étonne : pourquoi Moché avait-il besoin de réunir tout le peuple ? Il aurait pu en convoquer une partie, et lui demander de rapporter aux autres ses propos. Et quiconque aurait eu une objection serait venu la présenter à Moché.

Ces reproches, qui ont été formulés au terme des quarante années du désert, tout juste avant l’entrée en terre d’Israël, sont adressés à la deuxième génération du désert, celle qui, en vérité, n’a pas trébuché sur ces fautes relatées par Moché. Ces hommes nés dans le désert, qu’avaient-ils donc à répondre ? Ils venaient même de surmonter les tentations des filles de Moav et de Mydian, puisque tous ceux qui avaient failli ont été tués, lorsqu’ils ne sont pas morts dans l’épidémie.

Le rav répond que l’enseignement de Moché se voulait être le suivant : avertir les enfants d’Israël, que quand bien même leurs pères avaient vu tous les miracles de la sortie d’Egypte, le don de la Torah, la manne dans le désert, ils n’avaient pas été à l’abri du mauvais penchant, lequel avait réussi, plus d’une fois, à les faire trébucher. Il convient donc à chacun de se sentir concerné, et de ne pas se croire à l’abri ; mais bien au contraire de se montrer extrêmement vigilant et de ne pas baisser la garde. Le meilleur rempart contre le Yétser Hara étant l’étude la Torah, elle ne doit pas faiblir !

On comprendra aussi pourquoi Moché ne rappela pas la faute du Baàl Péor, qui était pourtant toute récente, puisque justement tous les présents avaient réussi à surmonter leur mauvais penchant et n’avaient pas fauté.

Le rav Koppelman zatsal, Roch Yéchiva de Lucerne, donnait une autre explication : les paroles de Moché, étant les siennes propres, avaient la force « des paroles qui viennent du cœur et pénètrent droit dans le cœur de l’autre » (Sefer Hayachar Ch 13). Aussi personne n’aurait eu quoi que ce soit à redire ; par contre ces mêmes paroles, rapportées par d’autres, n’auraient pas eu le même effet, et chacun aurait pu trouver une allégation pour ne pas se sentir concerné.

Chabbat Chalom Oumévorakh