Parachat CHEMOT

Parachat CHEMOT

« Toutes les personnes issues de la lignée de Yaakov étaient au nombre de soixante-dix ; et Yossef était déjà en Egypte » (Chémot I, 5).  Que vient-on nous apprendre à la fin de ce verset? Ne savions-nous pas qu’il était en Egypte ?

Rachi rapporte le Sifri : « c’est pour te faire connaître la vertu de Yossef. Le même Yossef qui menait paître le troupeau de son père, le même était-il en Egypte et qui est devenu roi. Il ne s’en est pas moins maintenu dans sa vertu ». En dépit de toutes les souffrances subies et malgré tous les honneurs dont il était maintenant l’objet, il a conservé sa piété et sa droiture, tel qu’il était chez son père lorsqu’il gardait les brebis.

Le Midrash Rabba relève une autre facette de Yossef qui, bien que devenu un grand personnage, est resté le même, dénué de tout orgueil vis-à-vis de ses frères et de la maison de son père. Il était petit à ses propres yeux, humble et effacé. Comment comprendre que bien qu’il fut vice-roi d’Egypte pendant quarante ans, qu’il régna pendant quarante autres années « sur le monde entier », il resta le même Yossef ? Tout autre, à sa place, aurait réagi autrement !

Le rav Réouven Karlenstein zatsal rapporte ce qui est dit du roi David à propos du verset : « Hachem mon cœur n’est pas gonflé d’orgueil, mes yeux ne sont pas altiers. Je ne recherche point de choses trop élevées pour moi » (Téhilim CXXXI, 1). Le Talmud Yérouchalmi explique : « Hachem! Mon cœur n’est pas gonflé d’orgueil » c’est ce qu’a dit David Hamélékh après que le prophète Chmouel l’ait oint pour le sacrer roi ; « mes yeux ne sont pas altiers » lorsqu’il a tué Goliath ; « je ne recherche point de choses trop élevées pour moi » lorsqu’il a rentré l’arche sainte dans le Temple ; « au dessus de ma portée » lorsque D… l’a ramené à la royauté.

Au sujet de Goliath il est écrit que : « Tous les israélites, voyant cet homme, lâchèrent pied devant lui, fort effrayés » (Chmouel I, XVII, 24). Pourtant, après que David l’ait tué, Israël proclama : « Chaül a battu ses mille et David ses myriades! » (Idem XVIII, 7), mais David ne s’en est jamais glorifié ! Il déclare, même, à la suite du verset : « au contraire j’ai apaisé et fait taire mon âme tel un enfant sevré, reposant sur le sein de sa mère (…) mon âme est calme en moi ».

David se demande : « est-ce moi qui ai tué Goliath? Moi, un enfant au berceau ! » David qui d’une seule flèche tuait huit cents philistins, qui sortait vainqueur de toutes les guerres n’attribue ses réussites qu’à l’intervention Divine : « Tu donnes de l’aisance à mes pas et empêches mes talons de chanceler » (Idem XVIII, 37). C’est D… qui est toujours présent pour le soutenir, Lui qui fait tout, David n’y ait pour rien et ne mérite pas d’honneur particulier. C’est pourquoi il ne ressent pas de quoi s’en enorgueillir.

C’est aussi, nous dit le rav Karlenstein, la position de Yossef, attaché à D… à chacun de ses pas. Sorti de prison pour interpréter le rêve du Pharaon il précise : « ce n’est pas moi, c’est D… qui saura tranquilliser Pharaon » (Béréchit XLI, 16). Devenu vice-roi, s’adressant à ses frères, il les rassure : « suis-je à la place de D… ? » et encore, c’est : « D… qui l’a combiné pour le bien… » (Idem L, 19). Berger chez son père, esclave, prisonnier, ou vice-roi en Egypte, il manifeste la même humilité, il n’y est pour rien, tout est dirigé par D …

Chabbat Chalom Oumévorakh