PARACHAT CHEMOT

La Torah, dans cette paracha, nous raconte, tout d’abord, la naissance de Moché Rabbénou. Élevé par la fille de Pharaon, il grandit dans le palais-même de celui-ci. Mais après avoir tué l’égyptien qui avait frappé un Hébreu, il dût s’enfuir au pays de Midian. C’est là qu’il se marie et qu’il demeure jusqu’au jour où D… lui apparait et lui demande de se rendre en Egypte chez Pharaon, pour délivrer le peuple d’Israël de l’esclavage.

« Il arriva dans ce long intervalle (…) un ange du seigneur lui apparut dans un jet de flamme au milieu d’un buisson (…) et maintenant va, je te délègue vers Pharaon, et fais sortir mon peuple… de l’Egypte » (Chémot II, 23 – III, 10). Ce « long intervalle » explique le Ramban, vient nous enseigner que la fuite de Moché vers Midian et « l’apparition » dans le buisson, sont très espacées dans le temps. Lorsque Moché quitte l’Egypte il a entre douze et vingt ans (Midrach Rabba 1,5), « Moché ayant grandi, alla parmi ses frères et fut témoin de leurs souffrances (…) il frappa l’égyptien et l’ensevelit (…) le jour suivant (…) il s’enfuit de devant Pharaon » (Chémot II, 11-15). Ce n’est qu’à l’âge de quatre-vingt ans qu’il se retrouve face à Pharaon (idem VII, 7).

Ce « long intervalle » correspond donc à plus de soixante années et pourtant la Torah ne s’attarde pas sur la vie de Moché pendant toutes ces années. C’est que répond le Ramban, il n’y avait rien de particulier à relater pendant cette période. La personnalité de Moché reste inconnue et sa vie mentionnée dans la Torah ne commence qu’à l’âge de quatre-vingt ans. Pourquoi D… l’a-t-Il choisi tout particulièrement pour libérer Son peuple? La Torah ne le révèle qu’au travers de quelques allusions.

« Moché ayant grandi, alla parmi ses frères et fut témoin de leurs souffrances… » Il grandit, par la taille et en dignité (Rachi), mais s’attache à partager les difficultés de ses frères et recherche leur bien-être. Voilà pourquoi il intervient et tue l’égyptien qui martyrisait un hébreu, et s’interpose lorsqu’il voit deux hébreux qui se disputent. Il interviendra également à Midian lorsque les bergers repoussent les filles de Yithro, pour les défendre et abreuver leur bétail (idem II, 17).
De par sa nature, l’homme s’implique constamment dans toutes ses actions ; son moi profond se mêle en permanence. S’il se préoccupe de l’Autre, son intérêt personnel interfère quand même, dans sa réflexion. S’il fait acte de générosité il tient compte cependant de l’éventuel bénéfice qu’il en tirerait. Par contre, Moché, lui, « a vu leurs souffrances », les leurs, ne tient pas compte des siennes, il sort de son palais, « il sortit parmi ses frères », quitte son rang, délaisse les habits royaux. Libre de la moindre attache d’intérêt personnel, il vient supporter avec empathie leur joug qu’il cherchera à alléger.

Moché est « l’homme des autres ». Il obtiendra du Pharaon, pour ses frères, alors encore esclaves, un jour de repos par semaine (Midrach Rabba). En guerre contre Amalek il garde les bras levés au ciel (en prière) par compassion pour ses frères au front, lesquels dominent l’ennemi tant que ses bras restentn levés (Michna Roch Hachana 29, a). Alors qu’il était berger chez Ythro, il court après un agneau, qui s’est échappé pour aller boire dans une mare. Moché se dit alors qu’il devait être fatigué et il portera l’agneau sur ses épaules pour le ramener. Le Maharal de Prague explique que la Torah n’a pas été donnée aux patriarches parce qu’ils étaient des Yéhidim (= des particuliers). Par contre Moché, l’altruiste, est le premier homme du Klal (= de l’ensemble), du peuple et c’est pourquoi il était davantage apte à recevoir la Torah.

SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH