CHAVOUOT

CHAVOUOT

La Guémara, Sanhedrin (7a), nous enseigne que la première chose dont l’homme aura à rendre compte, lorsqu’il se présentera devant le Tribunal Céleste, est son Etude. A-t-il fixé des moments (dans la journée) pour l’étude de la Torah ?

Dans Yoma (35b) nos Sages nous rapportent les réponses qui lui seraient données :                                                      

— Au pauvre, arguant ses difficultés d’argent, ses « préoccupations » du pain quotidien, on dira : « Etais-tu plus pauvre que Hillel le Sage, qui gagnait chaque jour une pièce (tarpik), et qui en donnait la moitié au gardien de la maison d’étude (pour pouvoir y entrer), et avec l’autre moitié se suffisait pour ses besoins ? Un jour n’ayant pas de quoi payer le gardien, il monta sur le toit, écouter par la lucarne, les enseignements de Chémaya et Avtalyon, qu’il ne voulait pas perdre. La neige tombait au point qu’il en fut entièrement recouvert, mais Hillel, malgré tout, étudia la Torah ».

            — Au riche, « occupé à gérer ses affaires », pour s’enrichir davantage, on rapportera l’exemple de Rabbi Éléazar ben ‘Harsom qui était très riche, et qui était néanmoins un grand Sage, occupé nuit et jour à l’étude de la Torah.

            — Quant au rachà, qui s’est dit « perturbé » par ses tentations, « victime » de ses désirs, on lui rappellera l’exemple de Yossef qui a su surmonter son mauvais penchant.

            Mais peut-on vraiment reprocher, à tout un chacun, de ne pas avoir été un être exceptionnel, un Hillel, un Rabbi Éléazar ben ‘Harsom, ou un Yossef ? Le Rav Haïm Chmoulévitz répond que l’on juge l’homme en fonction de ses capacités virtuelles, en fonction de ce qu’il aurait pu devenir. S’il a en lui les capacités de devenir un grand Sage de la Torah, il se doit de surmonter tout obstacle qui viendrait l’en empêcher.

La Guémara, Sanhedrin (68a), nous raconte que lorsque Rabbi Eliezer était sur le point de mourir, Rabbi Akiva et ses compagnons vinrent lui rendre visite. Il leur demanda : « — Pourquoi êtes-vous venus ? »                                                         — Ils répondirent : « Nous sommes venu étudier la Torah. »   — Il leur dit : « Pourquoi n’êtes vous pas venu plus tôt ? Je doute que vous mourriez d’une mort naturelle. »        — Rabbi Akiva demanda : Et moi ?                                                  — Rabbi Eliezer lui répondit : « ta mort sera plus atroce que la leur ! Car tu as un cœur grand, et si tu étais venu étudier avec moi, tu aurais étudié beaucoup de Torah. » (Rabbi Eliezer était un élève de Beth Chamaï, mais comme la Halakha n’était pas comme lui, les Sages s’en éloignèrent.)

            On ne peut que s’étonner de la réponse donnée à Rabbi Akiva ! L’étude de la Torah dépend elle de la grandeur du cœur de l’homme, plutôt que de son intelligence et de ses capacités intellectuelles ? Le Rav ‘Haïm Fridlander, zatsal, répond que, comme nous le disons d’ailleurs dans notre prière journalière, « Il ouvrira notre cœur dans l’étude de Sa Torah », la réussite de l’Etude dépend uniquement de la motivation et de la volonté de grandir dans son étude. Rabbi Akiva avait un cœur grand, c’est-à-dire qu’il avait en lui cette passion et cette soif de connaissance, qui garantissaient son grand avenir.

Rabbi Eliezer lui-même déclara qu’il avait beaucoup enseigné de Torah ; cependant ses élèves avaient encore beaucoup à apprendre chez lui. Il avait trois cents Halakhot sur un point dans les lois d’une certaine lèpre et jamais personne ne lui avait posé de question à ce sujet. Egalement, personne ne le questionna pour trois mille halakhot à l’exception de Rabbi Akiva, et une seule fois, alors qu’ils voyageaient ensemble. Nos Sages nous disent (Pessahim 112a) que le Maître veut enseigner, bien plus encore, que l’élève ne cherche à recevoir, mais Rabbi Eliezer n’enseigna pas ces trois cents règles à ses élèves parce qu’il n’y avait  pas de demande de leur part, cette étude n’aurait pas porté ses fruits.

            Le secret de la réussite dans l’Etude, que nous révèlent ici nos Sages, réside dans la soif d’apprendre, la recherche active de la Torah, où qu’elle se trouve, et la volonté affirmée de persévérer et de s’élever. C’est pourquoi l’homme est jugé en fonction de ses possibilités à devenir, même si ses capacités intellectuelles ne sont pas grandes, il pourra en acquérir et devenir un grand de la Torah.

Hag Saméa’h et Chabbat Chalom