Parachat  VAYECHEV

Parachat  VAYECHEV

Après avoir jeté Yossef dans le puits, ses frères « s’étaient assis pour manger du pain, et levant les yeux ils virent une caravane d’Ismaélites qui venait de Guilad ; leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de lotus, qu’ils allaient transporter en Egypte (…) ils firent remonter Yossef du puits puis le vendirent aux Ismaélites… » (Béréchit XXXVII, 25-28).

Rachi rapporte le Midrach Rabba (8,17) qui s’interroge : pourquoi nous fallait-il toutes ces précisions quant à leur chargement ? Et répond : « c’est pour nous faire connaître la faveur accordée aux Justes. Les arabes ne transportaient d’habitude, que du naphte et du pétrole, dont les odeurs sont très désagréables. C’est pourquoi il se trouva que c’étaient des parfums afin que Yossef (le Tsadik) ne soit pas incommodé par de mauvaises odeurs.

Comment interpréter cette bienveillance particulière ?

Alors que Yossef avait été « dépouillé de sa tunique bigarrée », avant d’être jeté dans ce puits, ses habits déchirés, et qu’il s’était retrouvé nu, déshonoré (Or Ha’hayim 37,23).

Alors que ce fils préféré de Yaacov, détenteur de toute la Torah de son père, (qui lui avait révélé des secrets de la Torah, qu’il n’avait pas dit aux autres), ce Tsadik, se trouve d’abord jeté dans un puits « vide, (parce qu’) il n’y avait pas d’eau », pas d’eau, mais des serpents et des scorpions, il y en avait !

Certes, on l’en sortira assez rapidement, mais pour le vendre aux Ismaélites. Il sera d’ailleurs revendu à plusieurs reprises (Rachi 37, 29), des Ismaélites aux Midyanim, qui à leur tour le vendront aux égyptiens, jusqu’à Potifar. Potifar, un homme de mauvaises mœurs, de chez qui, Yossef, soupçonné et accusé à tort,  partira moisir quelques années en prison.

On peut légitimement s’interroger sur la véritable signification de cette faveur des parfums que transportaient les chameaux ?

L’auteur du Zikhron Méir zatsal explique la Torah veut nous apprendre ici que tout ce qui arrive à l’homme est précis et mesuré, et répond à une exigence singulière. D… a décidé que Yossef serait vendu et exilé, mais Il n’a toutefois pas voulu qu’il soit incommodé par de mauvaises odeurs.

             De façon analogue, concernant Moché, le Pharaon ayant décrété que « tout mâle nouveau-né est à jeter dans le fleuve » (Chémot I,22). Yokheved, la mère de Moché ne pouvant plus le cacher, lui prépara un berceau de jonc qu’elle enduisit de bitume et de poix, elle y plaça l’enfant et le déposa sur la rive du Nil. Rachi rapporte la Guémara Sotta (12a) : « le bitume se trouvait à l’intérieur et la poix à l’extérieur afin que ce juste (Moché) ne soit pas gêné par la mauvaise odeur de la poix ». Bien que désemparée, Yokheved, qui se trouve obligée de laisser son fils sur le fleuve, s’était dit que si Moché ne pouvait être sauvé, il ne méritait pas, pour autant, d’être incommodé.

Le Rav Abraham Yapan zatsal rapporte le point de vue de nos Sages (Tanhouma) : Yossef a été puni pour avoir dit du Lachon Hara sur ses frères. Il a été, certes, vendu et déshonoré par ses frères, mais il ne perd pas espoir, parce qu’il a remarqué que la main de D… l’accompagne. Les parfums qui se trouvent avec lui en sont la preuve. Une fois sa faute réparée, il retrouvera toute sa dignité, ses épreuves ne sont que passagères. L’espoir est la force qui permet à l’homme de surmonter les épreuves et qui le guidera dans ses conduites comme il est dit dans le verset : « Un esprit viril sait supporter la maladie, mais un esprit abattu qui le soutiendra ? (Michlé XVIII,14).

Chabbat Chalom Oumévorakh