Parachat Hayé Sarah
Venu enterrer Sarah, Abraham demanda « aux enfants de Heth (…) d’intercéder en sa faveur auprès d’Efron, fils de Tso’har, pour qu’il (lui) cède le caveau de Makpéla ». Celui-ci, après avoir déclaré à trois reprises qu’il le donnera en cadeau, en demande finalement le prix fort.
Cependant, « Abraham écouta Efron et lui compta le prix qu’il avait énoncé en présence des enfants de Heth : quatre cents sicles d’argent, en monnaie courante » (Béréchit XXIII, 16). Littéralement : « Abraham écouta Efron et compta à Efron le prix …». Son nom, écrit la première fois, dans ce verset, avec un Vav perd cette lettre quand il est mentionné la deuxième fois.
« L’homme cupide court après la fortune et ne s’aperçoit pas que la misère viendra fondre sur lui ».Le Midrach enseigne que ce verset de Michlé (38, 22) fait allusion à Efron. Celui-ci convoitait l’argent d’Abraham. Il déroba même quelques pièces pendant qu’il les comptait. Mais pour avoir voulu nuire à Abraham il finira ruiné. Il ne perd pas seulement une lettre à son nom, mais le fond de sa personnalité est révélé au grand jour : la valeur numérique de Efron, sans le Vav, est égale à celle des mots Aïn Ràh : regard envieux, hostile.
Toutefois les commentateurs s’étonnent : Efron devait-il donner en cadeau son terrain à Abraham ? S’agissant d’un héritage familial, l’héritier se doit, généralement, de le garder en l’honneur de sa famille. Abraham avait fait intervenir les enfants de Heth, pour l’obtenir, ce qui montre bien qu’il ne s’agissait pas d’une simple transaction. Le consentement d’Efron peut paraître louable, quand bien même il en aura demandé le prix plein.
Abraham était très apprécié des habitants de Hebron, depuis la guerre des rois, ils l’appelaient le « dignitaire de D…». Ils avaient voulu le nommer Roi voire D… mais Abraham avait bien évidement refusé. Les enfants de Heth lui avaient dit : « Nul d’entre nous ne te refusera sa tombe pour inhumer ton mort » (Id. verset 6). Ce même jour Efron fut anobli pour éviter qu’un homme important comme Abraham ait à traiter avec un homme du commun (Rachi verset 10).
Efron aurait du être patient. Il avait tout à gagner à offrir le terrain qui lui était demandé. Il aurait pu ainsi profiter de la célébrité, acquise pour avoir traité avec Abraham, pour grandir et s’enrichir. Il avait dit à Abraham : « Seigneur … le champ je te le donne ; le caveau … également ; à la face de mes concitoyens je t’en fais cadeau, ensevelis ton mort ». Entre toi et moi, gens importants, entre deux amis, riches comme nous, l’argent n’est rien, laisse donc la vente et enterre ton mort (Rachi).
Mais, au fond de lui-même, il ne peut se retenir et demande aussitôt quatre cents sicles, tout particulièrement des pièces qui soient acceptées en tout lieu, et révèle sa véritable nature : avide et cupide. Qu’il s’agisse de l’appât du gain, ou d’une quelconque autre convoitise, le Rav Abraham Yapan zatsal de Bialistok, fait subtilement remarquer qu’un homme, aux mauvaises midots, se presse d’intervenir au risque de perdre ce qui lui serait parvenu en son temps, avec un peu de patience.
Ce que la Torah reproche à Efron c’est cette volte face, ce changement radical d’attitude. La Torah rapporte en détail l’épisode pour en tirer leçon et nous apprendre que « les paroles des impies sont trompeuses, tout comme leurs actes. Par contre celles des justes sont dignes de foi » (Midrach Hagadol).
Chabbat Chalom