Parachat  BEHAALOTEKHA

Parachat  BEHAALOTEKHA

« Or, le ramassis des gens qui étaient parmi eux fut pris de convoitise; et à leur tour, les enfants d’Israël se remirent à pleurer et dirent : qui nous donnera de la viande à manger ? » (Bamidbar XI, 4).

Les commentateurs s’étonnent : comment est-il possible que les enfants d’Israël aient suivi les arguments de ce « ramas d’étrangers » ? Ce « érév rav » d’égyptiens, qui se sont joints à eux au moment de la sortie d’Egypte, formait un groupe des plus vils au sein du peuple. De plus, nos Sages expliquent qu’ils intriguaient, cherchant prétexte pour rejeter les obligations de la Torah et s’adonner à leurs désirs physiques sans contrainte. Ils ont réclamé de la viande, alors qu’ils en avaient : « la tourbe nombreuse les avait accompagnés avec du menu et du gros bétail » (Chemot XII, 38). Ils pouvaient donc les égorger et en consommer à leur guise. Comment comprendre que la génération du désert, considérée comme celle de grands Tsadikim, « dor-déaa », génération de la connaissance, ait pu être entrainée par de telles personnes ?

Le Rav Leib Hasman zatsal explique qu’il ne faut pas mésestimer l’emprise d’un mauvais voisinage, et ses méfaits. Même un grand Tsadik peut être amené à fauter, sous l’influence de son entourage proche, comme de tous ceux qu’il peut côtoyer. Nos Sages nous l’ont déjà enseigné à propos de la juxtaposition des parachiot Sotta et Nazir. Juxtaposées pour nous dire que tout celui qui voit la Sotta, dans sa disgrâce, doit se faire Nazir, c’est à dire faire le vœu de s’abstenir du vin. « Tout celui » inclus tout-un-chacun quand bien même serait-il un homme pieux et vertueux.

Cependant les récriminations des enfants d’Israël ne s’arrêtent pas là, ils réclament encore : « Il nous souvient du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail. Maintenant, nous sommes exténués, nous manquons de tout, point d’autre perspective que la Manne ! » (Id XI, 5-6). « Gratuitement » ? Mais les enfants d’Israël étaient esclaves en Egypte. Ils ont enduré de grandes souffrances, comme il est écrit : « les Egyptiens les accablèrent de rudes besognes … et leur rendirent la vie amère » (Chémot I, 13-14). Comment peuvent-ils, maintenant, en être à regretter ces poissons et ces légumes qu’ils semblent préférer à la  Manne ?

Rachi explique que gratuitement est à interpréter «par rapport aux Mitsvot», c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas alors à porter le joug des mitsvot. Pas d’obligations en retour, pas de restrictions. Le « Erev rav » qui, au départ, ne cherchait qu’un prétexte à contestation, réussira finalement à entrainer les enfants d’Israël vers un rejet total des mitsvot.

Le Sabba de Slabotka, quant à lui, explique la démarche des enfants d’Israël de manière différente, dans le sens positif. Parce qu’il est tout à fait étonnant que les Tsadikim de l’époque soient rentrés dans de tels détails, et qu’ils aient réclamé toutes ces sortes de légumes. Il rappelle que chaque aliment renferme en lui-même une certaine spiritualité et que c’est en l’utilisant pour le service divin que l’on arrive à sortir cette spiritualité de la matérialité. Les enfants d’Israël pensaient que « la nourriture céleste » (Chémot XVI, 4) ne leur permettait pas d’accomplir cette démarche d’élévation et les freinait dans ce travail « réparateur ». Aussi préféraient-ils renoncer à la manne et revenir à la nourriture naturelle matérielle. D… les punira, malgré tout, car l’homme ne doit pas chercher à faire plus que ce que D… attend de lui. Si l’Eternel leur a donné la manne, c’est parce qu’Il demandait qu’on le serve, à ce moment-là, avec ce moyen-là.

Chabbat Chalom Oumévorakh