Parachat Bechala’h
« Depuis le jour où D… a créé le monde, jusqu’au jour où les Juifs ont traversé la mer Rouge, il ne s’est trouvé aucun homme à avoir prononcé un Chant pour D. »(Midrach Chmouel Rabba 23,4). Abraham sauvé de la fournaise ardente, Abraham vainqueur des cinq rois, n’a pas prononcé de chant. Yits’hak, non plus, bien que réchappé de la ‘Akéda. Pas plus Ya’acov qui a pu vaincre l’ange et qui a été sauvé de la main de Essav. Par contre, les Juifs, sortis d’Egypte, entonnent immédiatement, après la traversée de la mer, un cantique en l’honneur du Tout-Puissant, comme il est dit : « Alors chantèrent Moché et les enfants d’Israël». Et Hachem dit alors : « C’est en eux que se réalise Mon espoir »
Si le Chant de louanges est si important aux yeux de D. pourquoi les Avot n’en ont-ils pas récité ? C’est qu’il existe, en fait, différents types de louanges: certaines sont issues de l’intellect humain, une fois que l’homme a compris combien D. a réalisé de bienfaits à son intention, d’autres, issues également de l’adhésion intellectuelle, présentent une qualité supplémentaire en ce qu’elles proviennent aussi du coeur. Mais les louanges qui surpassent totalement les autres, sont celles qu’exprime l’homme, lorsque tous ses membres ressentent et participent à sa Reconnaissance envers D… comme il est écrit :« Tous mes membres s’exclament : qui est comme Toi, Éternel ? ». Il faut croire que les Avot, d’après ce midrach, n’auraient pas prononcé de louanges de cette dimension, laquelle permit aux Bné-Israël d’atteindre des degrés spirituels inégalés : « Ce qu’a perçu une servante dans la mer, le prophète Yé’hezkel, lui-même, ne l’a pas perçu ».
Le Chant qui participe de tous « ses membres » résulte de la prise de conscience, sans restriction aucune, que toutes les souffrances subies en Egypte, ont été pour le bien, nécessaires à lapréparation, à une purification en vue de la Révélation extraordinaire, dévoilée au moment de la traversée de la mer des Joncs. Le Rav d’Apta explique que le but de la Création est que le juif se réjouisse de son sort et comprenne que les bienfaits qu’il reçoit d’Hachem ainsi que les souffrances qu’il est amené à vivre, sont tous destinés à lui permettre d’accéder au bien ultime prévu par le Créateur de l’univers dans Son immense bonté.
Une autre explication est rapportée par l’Admour « Beth Avraham », à propos d’un fait authentique :.. un paysan juif était avec son fils, en ville, pour participer aux prières des « Jours redoutables ». Dans la synagogue, le fils du paysan, pris d’émotion, se retourne vers son père et lui demande s’il peut siffler, pour exprimer toute sa ferveur religieuse. Interloqué, le père lui rétorque qu’il n’est pas convenable de siffler dans une synagogue (…) mais le fils, submergé d’émotion, se met, malgré tout, à siffler de toutes ses forces. Par la suite, le Ba’al Chem Tov expliqua, qu’au même moment, une forte accusation céleste pesait sur la communauté, mais le comportement du fils du paysan, provenant du plus profond de son coeur, trouva, tout de suite, grâce aux Yeux de D… qui annula toutes les conséquences de ces redoutables accusations.
Il en va de même pour la traversée de la Mer des Joncs. Chaque membre du peuple juif bien que conscient de ses défauts et de ses lacunes, ne s’empêcha pas d’entonner une louange au Créateur tellement le sentiment d’amour qu’il ressentait était puissant… Et c’est précisément de telles louanges, du plus profond de l’âme, qu’Hachem attendait depuis des générations.
Chabbat Chalom Oumévorakh