Roch Hachana

Roch Hachana

La Guémara (Roch Hachana 16b) nous rapporte l’enseignement de Rabbi Krouspédaï au nom de Rabbi Yo’hanan : « A Roch Hachana trois livres sont ouverts (devant le Créateur), celui des Tsadikim (les justes parfaits), celui des Réchaïm (les mécréants) et celui des Bénoniïm (les « moyens »). Les Tsadikim sont inscrits et scellés le jour même pour la vie. Les mécréants sont inscrits et scellés, eux, pour la mort. Les « moyens » sont en suspend jusqu’au jour de Kippour. S’ils sont alors méritants, ils seront inscrits pour la vie, dans le cas contraire non. » 

 Les Tossafot s’étonnent car nous voyons bien, tout au long de l’année, des Tsadikim qui quittent ce monde et à l’inverse des Réchaïm qui continuent de vivre. Aussi appliquent-ils « ce jugement des trois livres » au  jugement décisif pour le Olam Haba (le monde futur), afin de désigner qui y aura droit et qui ne le méritera pas. Sauf que l’on peut s’étonner de l’intérêt d’avoir à répéter un tel jugement chaque année, dès lors qu’un seul jugement, pour le monde futur, suffirait à la fin de la vie, voire tout juste après la mort.

Le Rav Haïm Friedlander, zatsal, (Sifté Haïm tome 1, 103), rapporte en réponse les paroles du Gaon de Vilna. La Guémara écrit au nom de Rabbi Yichmaël que si tout un chacun est « écrit » à Roch Hachana, en fait, son cas ne sera définitif que le jour de Kippour. Tout un chacun ? Mais nous avons vu plus haut que l’inscription des Tsadikim et des Réchaïm se fait à Roch Hachana, le jour même ! C’est en fait, répond le Gaon, qu’il y a deux jugements à Roch Hachana, un pour le monde futur et un autre pour ce monde-ci. C’est à propos de ce dernier jugement que la « signature » se fera pour tout le monde à Kippour. La vie et la mort sont en fait synonymes de bien-être, et de bonheur ou de souffrance et de difficultés, pour l’année à venir.

D’ailleurs dans la prière de la Amida, au début dans Zokhrénou et Mi Khamokha, on ne dira que « Lé’haïm », à savoir le monde futur, alors que dans les deux dernières bénédictions, on mentionnera « ‘Haïm Tovim », parce que ‘Haïm Tovim c’est une bonne vie pour ce monde-ci.

Mais alors que signifie ce jugement pour le monde futur ? Le Rav Friedlander explique qu’à Roch Hachana, D… va accorder à chacun d’entre nous les moyens d’accomplir notre mission sur terre. Tsadik ou Racha pour le Olam Haba signifie : « être méritant ou pas », c’est définir son niveau spirituel. Celui qui est méritant se verra « mandaté » par l’Eternel, pour une nouvelle année, avec tous les bons moyens pour Le servir. Le non méritant, par contre, ne recevra que le strict minimum vital. Car c’est à Roch Hachana, le premier jour de l’année, que se renouvelle l’expression de la Royauté Divine. Le Roi des Rois va choisir ses ministres et ses sujets fidèles, ceux qui tout au long de l’année viendront participer au projet Divin, et faire grandir et sanctifier Son Nom. Amen, ainsi soit-il !

Chabbat Chalom et Chana Tova