Parachat  VAYE’HI

Parachat  VAYE’HI

             «Yaakov vécut dans le pays d’Egypte dix sept ans ; la durée de la vie de Yaakov fut donc de cent quarante-sept années. Les jours de Yaakov approchant de leur terme, il manda son fils Yossef… » (Béréchit XLVII, 28-29).

Comment Yaacov pouvait-il savoir que sa fin était proche, qu’il allait bientôt mourir ?

Le Ramban (Na’hmanide) dit qu’il sentait ses forces faiblir, jusqu’à disparaître.

D’autres commentateurs rapportent le Zohar, lequel révèle que trente jours avant sa mort l’homme perd le Tselem, « l’image » divine de son âme. Les Tsadikim perçoivent ce changement et peuvent ainsi se préparer au moment où leur âme quittera le corps.

Le Or Ha’haïm Hakadoch, dans sa réponse, s’interroge tout d’abord, à comprendre pourquoi la durée de vie des hommes a été réduite au cours des siècles. En effet, du début de la création jusqu’à l’époque de Noa’h, les hommes mentionnés dans la Torah ont vécu plusieurs centaines d’années. Puis progressivement, à quelques exceptions près, ils ne dépassent plus les cent vingt ans.

Le Or Ha’haïm cite l’enseignement du Arizal, à savoir que chaque âme est composée d’étincelles de sainteté qui correspondent aux journées de sa vie. Chaque jour l’homme doit affiner et élever cette étincelle en accomplissant la Torah et les mitsvot du jour. C’est là le secret du sommeil ! Lorsque sa mission est accomplie, cette étincelle quitte le corps quand il dort, (le sommeil équivaut à un soixantième de la mort – Guémara Bérakhot 57b-) et ne pourra plus être endommagée. Par contre, si l’homme n’a pas réussi son travail journalier, cette partie de son âme, n’étant pas réparée, ne montera pas !… Il pourra cependant se rattraper et la parfaire par la suite.

Le Or Ha’haïm poursuit avec une parabole. Celle d’un roi qui a demandé à ses serviteurs de tailler des diamants. Il fournit à chacun un sac plein de pierres précieuses. Mais ses sujets négligèrent le travail allant même jusqu’à abimer les pierres du roi. Ce dernier se mit en colère et condamna ses serviteurs. Après quoi, il s’adressa à d’autres pour accomplir la même tâche mais en ne leur fournissant, cette fois, que quelques pierres.

De même, au début de la création, D… accorda aux hommes des milliers de jours en leur octroyant une âme porteuse d’autant d’étincelles, mais le monde n’ayant pas mérité, Il décida alors de réduire les jours de vie des hommes. L’homme se voit offrir une plus grande facilité de manière à pouvoir atteindre le but de sa création.

C’est pourquoi, explique le Or Ha’haïm, au fil des années, l’homme perd ces parcelles de son âme et s’affaiblit en vieillissant. Toutefois peu avant sa mort, toutes ces étincelles reviennent dans son corps, pour accompagner les dernières parties de son âme lorsqu’elles le quitteront. C’est ce qui explique le regain de force que l’homme retrouve soudainement avant de quitter ce monde.

Notre patriarche Yaakov a perçu le retour de toutes les parcelles de son âme. Il comprend alors qu’il ne tardera pas à quitter ce monde. Yaacov avait demandé à Hachem que l’homme puisse ne pas mourir subitement mais soit malade « deux ou trois jours et puisse donner ses instructions à ses enfants » (Midrach Rabbah, 65). C’est pourquoi, il fait appel à Yossef, lui donne ses dernières recommandations, et bénit ensuite tous ses enfants.

A propos d’Abraham il est dit « Abraham était vieux, avancé dans la vie (בא בימים) ; et l’Eternel avait béni Abraham en toutes choses » (Béréchit XXIV, 1) ; « avancé dans la vie », littéralement : « בא בימים  = vint avec ses jours », qu’il n’avait pas gaspillés mais bien remplis, parce qu’il avait réussi à parfaire les étincelles de son âme appelées ici ses jours.

Chabbat Chalom Oumévorakh