Avant d’envoyer sur les égyptiens la plaie de la grêle, D… charge Moché Rabbénou de transmettre le message suivant au Pharaon. « Eh bien, Moi, je ferai pleuvoir demain, à pareille heure, une grêle très intense, telle qu’il n’y en aura pas eu de semblable dans l’Egypte depuis son origine jusqu’à ce jour. Donc rassemble ton bétail et tout ce que tu as dans les champs. Tout homme ou animal qui se trouvera dans les champs et ne sera pas rentré dans les maisons, sera atteint de la grêle et périra. Ceux des serviteurs de Pharaon qui révéraient la parole du Seigneur mirent à couvert leurs gens et leur bétail dans leurs maisons, mais ceux qui ne tinrent pas compte de la parole du Seigneur laissèrent leurs gens et leur bétail aux champs…(Exode 9,18-21)
Comment après avoir subi six plaies et vérifié qu’à chaque fois les paroles de Moché se réalisaient, pouvait-il encore se trouver des hommes « qui ne tinrent pas compte de la parole du Seigneur« ? Faire rentrer son bétail ne nécessite pas grand effort. Pourquoi les égyptiens sont-ils restés passifs ? N’ont-ils pas eu peur de perdre leurs biens? L’attitude de Pharaon, qui tient à garder ses esclaves, peut encore se comprendre, mais la réaction désinvolte de certains égyptiens est pour le moins surprenante.
D’après le Targoum de Rabbi Yéhonathan ben Ouziel « ceux qui révéraient la parole du Seigneur », il s’agit de Iyov (Job et tous les siens), « et ceux qui ne tinrent pas compte » de Bila’am. Ce dernier qui avait déjà atteint un grand degré de prophétie, va cependant ignorer et renier complètement l’avertissement de Moché, quitte à perdre tous ses biens.
Le Steïpéler, Rav Yaakov Israël Kanievski zatsal répond à ces questions. Il explique qu’en fait la kéfira (l’apostasie) n’a pas son origine dans l’ignorance, ni dans un trouble de l’entendement, mais dans la volonté de dénégation. Ce, à quoi l’homme ne veut pas croire, va s’exclure de sa réflexion, à son insu, et il s’en séparera à jamais. Il se trouvera nier les principes simples de la foi, et parallèlement vouera un culte « religieux » à des choses sans importance. « Car dans le chemin que l’homme a choisi d’aller, on le mènera » (Makot 10b). A celui qui veut se rendre impur, la possibilité est offerte.
Au moment de créer l’homme, D… dit: « faisons l’homme à notre image » (Genèse 1,26). Le verbe est au pluriel, alors que D…seul est le créateur. Pourquoi la Torah a-t-elle laissé cet obstacle, ce risque de fausse interprétation? Pour nous enseigner une règle de savoir vivre et la modestie, c’est que D… s’adresse à son Beth-Din. Nos sages nous enseignent que la Torah a laissé ici volontairement un מקום לטעות , un endroit pour se tromper. Mais ne se trompera que celui qui le veut. Seules la crainte du ciel et notre Emouna nous protègent de l’erreur. « Droites sont les voies de l’Eternel, les justes y marchent ferme, les pécheurs y trébuchent. » (Hoché’a 14,10)
Chabbat Chalom Oumévorakh